Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

mars 2015 / La vie du 18e

Budget participatif : le 18e foisonne d’idées [Article complet]

par Nadia Djabali

« Je propose de faire appel aux street artists et aux artistes décorateurs des vitrines de cafés pour peindre des décors sur les rideaux de fers de tous les commerçants de tissu et de passementerie autour du Marché Saint-Pierre, pour que le quartier garde un aspect habité et vivant, même la nuit quand les rideaux tristes sont baissés, rendant les rues sinistres », soumet Star. Une jolie idée que l’on peut dénicher sur le site idee.paris.fr.
Fin février, 95 propositions d’habitants du 18e, individuels ou re­groupés dans un collectif, étaient visibles sur la plateforme dédiée au budget participatif. Petit florilège : des fenêtres pour observer le cimetière Montmartre ; des ateliers gratuits de recettes de cuisine des pays du 18e arrondissement ; végétaliser, humaniser et rendre le boulevard Ornano aux Parisiens ; préempter la salle de spectacle aujourd’hui occupée par le soldeur Kata au 34 boulevard Barbès ; une plaque « histoire de Paris » pour le chevalier de la Barre + déplacer sa statue ; redonner son charme à la place des Abbesses.

15 mars dernier délai

Les Parisiens ont jusqu’au 15 mars pour déposer leurs propositions sur le site de la Ville de Paris. Attention, le temps passe vite…
Du côté de la mairie du 18e, on a mis le paquet sur la communication. Un clip vidéo a été tourné, un stand d’information est installé dans le hall pour les phobiques d’internet. Réunions d’information, ateliers thématiques et marches exploratoires se succèdent. Le but de ce branle-bas de combat : aider les citoyens à trouver des idées et les inciter à déposer un projet. Mais on ne cache pas que le budget participatif est en phase d’expérimentation. « Il faudra certainement améliorer sa mise en œuvre, prévient Éric Lejoindre, maire du 18e, pour que l’édition 2016 soit plus réussie. »

Le dispositif

La mairie de Paris a souhaité demander aux habitants de proposer et de voter pour des projets qui pourraient être financés par les deniers municipaux. La somme allouée : 480 millions d’euros pour les six ans de la mandature, soit 5 % du budget d’investissement sur cette période. Ce n’est pas rien. En 2015, le budget participatif représente 75 millions d’euros pour tout Paris. 37,7 millions d’euros ont été affectés aux arrondissements dont 3,945 millions pour le 18e.
Ce budget financera des projets d’investissement permettant notamment d’améliorer le cadre de vie. On peut proposer de rénover une aire de jeu dans un square, de ravaler la façade d’une école ou de construire un local à vélo devant un établissement sportif. Mais pas question par exemple de proposer un projet pour élargir les horaires des bibliothèques car il ne s’agit pas de budget d’investissement mais de fonctionnement. Pas question non plus de recouvrir d’une fresque multicolore une station de métro car la Ville de Paris n’a pas de compétence sur des locaux qui dépendent de la RATP. Voilà pourquoi la jolie idée présentée par Star ne sera sans doute pas mise en œuvre, les rideaux de fer appartenant à des propriétaires privés.
Après le 15 mars, les bonnes idées des habitants passeront à la moulinette des services de la Ville de Paris qui évalueront si elles sont recevables ou non. En parallèle des services, une commission « politique » donnera son avis. Installée dans chaque arrondissement, elle sera composée d’élus de la majorité et de l’opposition ainsi que de représentants des conseils de quartier.

Aux urnes citoyens

En juin, présentation des projets retenus lors d’une grande réunion publique. Et enfin en septembre, les Parisiens voteront. Il semblerait que tous les habitants pourront jeter leur dévolu sur trois projets parisiens et trois de leur arrondissement. Comme en 2014, des urnes seront installées dans les arrondissements mais on pourra également voter sur internet. Les modalités du vote sont tout de même un peu floues… Comment saura-t-on où les électeurs résident ? Risque-t-on à un « bourrage numérique des urnes » en faisant voter des enfants de deux ans ? Une inquiétude que ne semble pas partager Caroline Neyron, conseillère du 18e en charge de la démocratie locale et de la participation citoyenne : « Ce dispositif repose sur la confiance ».


Illustration : © Hervé Baudry

Dans le même numéro (mars 2015)

n° 230

octobre 2024