Fils d’agriculteur, il monte à Paris pour devenir banquier, s’installe aux Abbesses... mais ne découvre la face cachée de l’argent qu’à plus de 50 ans. Récit.
Jean Beaujouan aurait pu devenir agricul- teur comme son père mais, « de la même manière qu’on éclaircit les betteraves », certains doivent partir. Né en 1943 dans un petit village du Loir-et-Cher, au sein d’une famille de six enfants, il est celui qui est parti. Son grand-père était maire et fondateur de la première coopérative agricole ainsi que de la première agence du Crédit agricole et des assurances mutuelles agricoles (aujourd’hui Groupama), dans les années 1900. Il avait entendu parler des « grandes écoles »,
Centrale et Polytechnique. Dans la famille, c’est évident : pour Jean, « ce sera agriculteur ou une grande école ». Un enseignant avisé encourage le jeune homme à tenter HEC. Banco : concours réussi, le voici à Paris pour trois ans d’études. Comme il le souligne, avec le sourire, il a choisi « de faire librement ce que [son] père voulait ».
Déracinement
HEC, c’est la découverte de la capitale et d’un mi- lieu social très différent du sien. Des années difficiles où il est « comme une espèce de migrant ». Seul « paysan » parmi des « aristos », il vit douloureusement la « névrose de classe ». Mais HEC, c’est aussi la découverte du monde des grandes entreprises et surtout une, ancrée dans le milieu agricole, le Crédit agricole, à la jonction de sa formation et de son milieu d’origine. Embauché, il y passera 35 ans, dont trente-deux à Paris, à la Fédération nationale du Crédit agricole où, pendant les vingt dernières années, il sélectionne et forme les cadres dirigeants.
Jean s’inscrit également à l’université, à 35 ans. Il y suit des études de psychologie clinique et ob- tient une maîtrise ; au bureau, il devient ainsi « le psychologue de service » et aide les cadres à gérer leur carrière. (Lire la suite dans le numéro de décembre 2018)
Photo : Claire Gaby
Dans le même numéro (décembre 2018)
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