juin 2015 / Goutte d’Or - Château Rouge
La success story des jeunes entrepreneurs de L.G.d’Or.l [Article complet]
Après les stations de lavage de Métro, L.G.d’Or. l se lance dans la création d’autres mini-entreprises pour donner du travail à des jeunes du quartier.
Tu veux faire quoi comme travail ? » La plupart du temps, la réponse des jeunes qui viennent au café d’insertion L.G.d’Or.l est « je sais pas ». « Alors nous, on les aide à savoir », explique Khamis, l’un des fondateurs de l’association Laghouat Goutte d’Or Léon. Depuis quelques mois, dans son tout nouveau local de la rue Myrha, L.G.d’Or.l organise des « ateliers gnaque » avec le concours de deux bénévoles expérimentés : Guillaume, formateur spécialisé dans les VAE (valorisation des acquis de l’expérience) et Josselin, qui connaît bien le monde de l’entreprise. « On se présente. On dit ses idées. On discute. » Entre deux séances, les participants cherchent chacun de leur côté comment préciser leur projet. « On n’impose pas, on propose », précise Khamis. Josselin apporte son aide avec des projets précis de création de petites entreprises.
De vrais projets
Farid et Khamis, à l’origine de l’association, s’y connaissent aussi en la matière. Ce sont eux qui ont eu la lumineuse idée d’ouvrir une station de lavage dans le parking du magasin Métro de la rue des Poissonniers pour offrir un travail à des jeunes désœuvrés qui traînaient dans la Goutte d’Or (Le 18e du mois de janvier 2014).
À peine plus d’un an plus tard, ils en ont ouvert deux autres, toujours pour des clients des magasins Métro : l’une à Villeneuve-la-Garenne, l’autre à Bobigny. Aujourd’hui, l’association salarie 13 jeunes à temps partiel. Et elle en a accueilli en tout une vingtaine sur ces postes, dont plusieurs, grâce à cette première expérience, ont depuis trouvé du travail ailleurs tandis que d’autres ont entamé une formation professionnelle.
Et c’est vrai qu’ils ont la « gnaque », tous ces jeunes. Guillaume les aide à monter leur dossier, Josselin à calculer leur budget. Un temps, ils ont caressé l’espoir de reprendre deux buvettes du bois de Boulogne, mais les sommes demandées étaient trop élevées. Ils planchent aujourd’hui sur un projet moins coûteux : des food trucks. Et ils fourmillent d’autres projets dont on ne parlera pas ici : « on ne veut pas risquer de se faire piquer nos idées ».
Un chantier éducatif
Mais l’action ne s’arrête pas là. Pour créer du lien dans le quartier, les jeunes de L.G.d’Or.l ont, cette année encore, organisé avec le Grajep (un groupe d’habitants et acteurs du quartier), un barbecue… sans barbecue dans le square Léon, avec des viandes grillées ailleurs pour respecter la loi qui interdit de faire du feu dans l’espace public. L’association organise aussi un « chantier éducatif » avec Paris Habitat pour rénover des parties communes d’immeubles du quartier. Pas encore un vrai job mais l’occasion de s’initier à certains métiers et d’avoir la fierté de faire œuvre utile. « On a proposé un prix très bas au bailleur, indique Khamis. On ne pourra pas payer les jeunes mais on va les emmener en week-end, leur faire plaisir. » Et surtout leur redonner confiance en l’avenir.