Le marchand de sommeil de la rue Marx Dormoy a été condamné en appel à deux ans de prison avec sursis et 500 000 € d’amendes.Une sanction sans précédent.
Deux ans de prison avec sursis, 200 000 € d’amende à titre personnel et 300 000 € au titre de sa société civile immobilière, telle est la sanction infligée en appel à Michel Zaghdoun. Une peine exemplaire. Ce propriétaire des murs d’un garage mécanique et d’un hôtel meublé aux 40/44 rue Marx Dormoy avait en effet réaménagé son espace pour y loger une soixantaine de familles dans des conditions déplorables.
L’affaire avait été découverte par le Comité Action Logement (CAL 18) en 2011. « Un locataire, menacé d’expulsion, était venu faire une demande de logement auprès de nous. En l’écoutant, on a très vite compris qu’il y avait des problèmes graves sur ce site, raconte Violette Volson, juriste et directrice du CAL. Outre les suivis individuels de chaque famille, nous avons organisé des réunions collectives sur l’insalubrité des logements et des parties communes. Ces réunions ont été très fréquentées malgré la barrière de la langue et, plus encore que l’état des logements, c’est de l’ambiance dont se plaignaient les gens. »
Le propriétaire des lieux s’était en effet installé un petit bureau donnant sur la cour et harcelait les locataires, parmi lesquels de nombreux réfugiés, les menaçant d’expulsion au moindre retard, cognant aux portes à toute heure pour réclamer un loyer exorbitant : 900 ou 1 000 € pour un taudis de 20 m2, à payer cash. Une situation qui aurait duré une vingtaine d’années et qui rapportait quelques 350 000 € annuels au marchand de sommeil. (Lire la suite dans le numéro de mars 2018)