Haut lieu de la vie nocturne parisienne, Pigalle offre un visage étrange, sorte de carré rouge d’Amsterdam mêlant touristes et noceurs, alternant sans transition bars et commerces érotiques.
« Quand nous nous sommes installés à la fin des années 70, c’était assez calme. On en- tendait parfois des coups de feu dans des règlements de comptes autour des prostituées, mais ce n’était rien comparé au bruit actuel des bars et des restaurants le week-end », s’émeut une habitante de la rue Frochot (9e). Et c’est vrai que Pigalle a bien changé. Les devantures aveugles et les portes entrebâillées des magasins érotiques ont fait place aux bars sur une zone qui part de la place de Clichy et court jusqu’à la place Pigalle, incluant le nord du 9e et quelques ruelles qui montent vers le 18e. L’époque du sexe un peu triste a laissé place à une atmosphère festive. Le samedi soir, des milliers de Parisiens et de touristes arpentent le terre-plein central du boulevard de Clichy. Les « gros dégueulasses », comme les appelait Reiser, sont peut- être encore là mais noyés dans la foule. Surtout, ils ne sont plus les seuls à fréquenter les boutiques de lingerie, accessoires et autres objets de plaisir.
Il reste bien des sexshops : une trentaine sur le boulevard en incluant les live show dont le plus grand est assurément La Diva à Blanche avec ses néons criards. On trouve aussi des salons de mas- sage. Devant l’un d’eux, une Chinoise déclare dans un français hésitant qu’elle appelle parfois la police quand un client devient trop pressant ou formule des demandes déplacées. Les lieux changent, pas les débordements.
Malgré cette présence encore très voyante des établissements érotiques, on sent bien que « ce n’est plus comme avant ». Ainsi Eddy, rabatteur d’un petit live show, hèle les clients potentiels sur le trottoir mais explique : « Les bars ont tout changé. Rue Frochot, ils ont gardé le décor d’origine mais ne sont plus que des débits de boissons comme les autres. » Même si les noms savoureux du passé ont été conservés, à l’image du Dirty Dick.
Les vacances du funiculaire
Les sexshops, eux, se sont mis au goût du jour. Ainsi, un vendeur dans la cinquantaine, qu’on croirait habiter encore chez sa mère, explique avec une distance toute professionnelle la différence entre le gel à l’eau et celui enrichi à la silicone. (Lire la suite dans le numéro de novembre 2018)
Dans le même numéro (novembre 2018)
-
La Goutte d’Or
Une ferme pédagogique s’est installée dans un...
Danielle FournierUne ferme pédagogique s’est installée dans un square. La petite ferme installée dans le square Alain Bashung « met des étoiles dans les yeux des en- (...) -
La Chapelle
Une menuiserie ouverte sur le quartier
Sylvie ChatelinDémarche originale et vertueuse pour l’atelier A travers fil, où on apprend la menuiserie en faisant et où l’on fait en apprenant. -
Les Gens
Lydie Quentin, une figure de la Goutte d’Or
Hajer Khader BizriLes Enfants de la Goutte D’Or, l’association qu’elle dirige, fête cette année ses 40 ans. « Un pilier », « une figure emblématique du quartier », « (...) -
Histoire
La Grande Guerre entre dispersion et oubli
Danielle Fournier, Etienne LagrangeÀ l’heure du bicentenaire de l’Armistice de 1918, le devoir de mémoire oscille entre commémorations classiques, archivage numérique et... dissolution (...) -
Le dossier du mois
Accompagnement scolaire : un peu d’aide pour plus d’égalité
Danielle Fournier, Hajer Khader Bizri, Patrick Mallet, Sylvie Chatelin, Thomas BlandaLa rentrée est passée, les écoliers, collégiens et lycéens ont repris le chemin des cours. Pour certains, tout va bien. Pour d’autres, c’est plus (...) -
Grandes carrières
Pause bien-être pour femmes en errance
Miren GaraicoecheaChaque premier samedi du mois, l’ADSF propose un cours de sport Tà des femmes en situation d’errance. Une autre vision du droit à la santé. « Tu (...) -
La vie du 18e
Petite ceinture : toujours pas bouclée
Danielle FournierLes questions autour des acteurs et des objectifs du projet éveillent les émotions et provoquent des polémiques. Les résultats de l’édition 2018 (...) -
Chronique
La vie continue
Daniel ConrodAmorce d’un dictionnaire désinvolte du mois d’octobre écoulé où l’on voit notamment que le nouveau monde n’est pas forcément plus affriolant que (...)