Journal d’informations locales

Le 18e du mois

mars 2025 / Le 18e vu par...

SAMUEL KIRCHER, ACTEUR

par Danielle Fournier

Chaque mois, une personnalité habitant ou ayant longtemps habité notre arrondissement raconte sa vie dans son quartier.

Allure juvénile, démarche souple, regard direct, Samuel Kircher arrive à notre rendez-vous improvisé, le 1er janvier, pour évoquer « son 18e ». Le jeune acteur, tout juste 20 ans, est connu pour son premier rôle dans le film L’Été dernier de Catherine Breillat, qui lui a valu d’être nommé au César de la meilleure révélation masculine l’an dernier. C’est un gars de Montmartre qui a fréquenté la crèche des Abbesses, l’école maternelle de la rue d’Orsel puis l’école primaire de la rue Houdon et enfin le collège Yvonne Le Tac. Un périmètre bien défini où il s’est fait des amitiés solides dès l’enfance.

De l’école Houdon au ballon rond

« Je me souviens d’une super directrice à l’école de la rue Houdon, où il y avait des enfants d’Haïti et de différents pays, c’était chouette.

Notre école était en ZEP, ce qui est une chance car il y avait des projets super, pas de cours le mardi et le jeudi après-midi, mais des activités périscolaires comme le foot, le roller, du graph, de l’écriture ou encore du théâtre. Mais il n’y a pas que l’école ! J’ai rencontré des amis aussi bien à la Manufacture des Abbesses qu’en jouant au football au square Burq, avant qu’il ne soit réaménagé. J’y jouais avec des amis collégiens qui organisaient des petits matchs de cinq contre cinq. Ce petit groupe a gagné la coupe Neymar il y a un an, avec en prime la venue de Neymar (le footballeur brésilien qui jouait au Paris Saint-Germain, NDLR). »

Doré et un peu trop ordonné

« Quand je suis arrivé à l’école de la rue Houdon c’était la fin des hôtels au mois, les gens venaient pendant une période de transition et pas mal de familles étaient en demande d’asile. Je vois que le quartier a bien changé et que ces hôtels sont devenus des établissements de luxe. Je peux dire que le 18e arrondissement où je suis né est devenu tout doré.

Alors oui, j’y suis attaché mais je le trouve un peu trop ordonné. Le désordre est agréable et j’aspire à un temps moins quadrillé. C’est peut-être l’effet du quartier Montmartre, j’ai l’impression que c’est plus chouette autour en allant vers Saint-Ouen ou vers l’est de Paris, où on a la sensation que ça bouge, que c’est vivant et qu’il n’y a pas que des touristes. Des quartiers qui, disons, n’ont pas la même couleur. »

Formation artistique

« Au collège, j’ai eu beaucoup de chance aussi parce que j’ai intégré la section danse contemporaine, où il y avait beaucoup de filles et deux gars, à raison de six heures par semaine, sans compter les compétitions et les rencontres avec des danseurs de toute la France. Il y avait des profs extraordinaires comme Ophélie Mathieu et Madame Tizi. Ça m’a beaucoup aidé, à cette période où le corps se rétracte, d’avoir plein d’activités entre les cours.

J’ai aussi suivi des cours à l’école Atla, à la fois en piano et en chant, et je me suis fait des amis de partout dans le 18e et même plus largement à Paris. Après les cours, on allait sur la place des Abbesses et la place Émile-Goudeau pour se retrouver entre jeunes. »

Une passion pour le son

« J’ai pu rentrer une fois dans le studio de Philippe Zdar qui avait fait renaître le studio d’enregistrement du 84 de la rue des Martyrs, avec un matériel de dingue. Il y avait une collection incroyable de machines vintages. J’étais totalement captivé par ce lieu mythique de la French touch. D’ailleurs, le son et surtout la musique me passionnent plus encore que la danse ou le jeu d’acteur. »

Les années lycée

« Ensuite je suis allé au lycée Condorcet avec d’autres élèves, venus de Marcadet et curieusement, ça a été dans ce lycée du 9e que j’ai eu une ouverture sur le 18e en entier, alors qu’avant j’avais un regard cloisonné.

On a la chance d’avoir un arrondissement avec une grande mixité, il faudrait juste que les gens apprennent à se connaître très jeunes. J’ai l’impression qu’ils restent entre eux, entre professions, entre classes mais il n’y a pas vraiment de gens ensemble. C’est compliqué !

Une des idées qui m’anime, c’est de travailler sur le rapport aux autres, pour trouver un bon ancrage, déjà pour soi, et pour entretenir un bon rapport au monde avec une place pour soi et pour les autres. »

Photo : Thierry Nectoux

Dans le même numéro (mars 2025)

  • Au sommaire

    Notre numéro de mars est sorti

    Ce mois-ci, nous vous proposons un dossier sur l’accès à l’alimentation, notamment à travers l’action de Remix the commons qui a organisé quatre jours de visite, de rencontres et de réflexion à La Chapelle, avant de créer un jeu de cartes pour mieux manger. Ce numéro met aussi à l’honneur plusieurs femmes engagées, le travail d’Espoir 18 pour la laïcité et contre les discriminations, les problèmes de concertations citoyennes à Montmartre, sans oublier notre rencontre avec l’acteur Samuel Kircher et le chanteur Chaton.
  • Dossier : un jeu de cartes pour mieux manger

    Une maraîchère engagée à la Confédération paysanne

    A.K.
    Elle augmente de 100 % la représentation de la Confédération paysanne d’Ile-de-France à la Chambre d’agriculture !
  • Dossier : un jeu de cartes pour mieux manger

    IMAGINER LA SÉCURITÉ SOCIALE DE L’ALIMENTATION

    Annie Katz
    Six projets menés par des associations visent à améliorer l’accès à une alimentation durable et saine, proposer de nouvelles formes de gouvernance alimentaire et évaluer la précarité et l’insécurité. Deux exemples dans le 18e.
  • Dossier : un jeu de cartes pour mieux manger

    À la rencontre des initiatives alimentaires locales

    Sylvie Chatelin
    Avant de créer leur propre jeu et de pouvoir taper le carton avec, les participants ont visité plusieurs lieux à La Chapelle et au-delà. Le tout, suivant un parcours concocté par les organisateurs : Mathilde Rousselle du Shakirail, Camille Laurent et Frédéric Sultan de Remix the Commons (voir notre numéro 333). De Quartier libre (Goutte d’Or) à la Caverne (porte de La Chapelle) en passant par le Nouveau Ney, le restaurant d’Activ’18 (porte d’Aubervilliers), La Louve, le Jardin des Traverses, le réseau Vrac ou encore l’Amap de la Goutte d’Or, accompagnés d’habitants intéressés, ils ont ainsi exploré l'écosystème de l'alimentation.
  • La vie du 18e

    Espoir 18, six jeunes à l’Elysée

    Joachim Jarreau
    Cinq jeunes d’Espoir 18 ont été conviés à l’Elysée pour la remise du prix Ilan Halimi 2025. Une reconnaissance pour le travail de cette association d’éducation populaire sur les sujets de laïcité et de lutte contre les discriminations.
  • La vie du 18e

    VIVRE AUX ABBESSES ENTRE QUIÉTUDE ET RENTABILITÉ

    Béatrice Dunner, Dominique Boutel
    Brocantes, vide-greniers, marchés de Noël, fête de la coquille ou autres manifestations s’installent régulièrement sur la place des Abbesses. Moments de rencontres entre voisins ou appel au tourisme ? Opérations commerciales ou animation de quartier ? Les avis sont partagés.
  • Culture

    Suzanne Valadon à Beaubourg

    Monique Loubeski
    L’exposition dédiée à la Montmartroise célèbre cette figure majeure de la peinture moderne.
  • Les Gens

    Chaton, comme à la maison

    Maxime Renaudet
    Lyonnais d’origine, Simon Cohen est né Chaton en 2018 dans son appartement du 18e arrondissement. Depuis, celui qui est devenu deux fois papa a sorti plus de 400 morceaux. Le voilà désormais plus que jamais de retour sur scène.

En kiosque

N° 338- juin 2025