Dans les deux précédents numéros, nous avons raconté, à travers l’exemple du 18e, comment en quelques jours, fin juillet 1914, la guerre s’était emparée de la France comme de toute l’Europe. Et comment, malgré les déclarations pacifistes des années précédentes, les hommes politiques (notamment les dirigeants socialistes du 18e, Sembat et Cachin) s’y étaient ralliés à la quasi-unanimité…
Le 1er août 1914, l’ordre de mobilisation générale est affiché sur les murs. Les passants s’arrêtent. Peu de commentaires, peu d’attroupements, rapporte un témoin, Arthur Lévy1 : « Les hommes s’interpellent. « Quel jour partez-vous ? – Moi demain. – Moi le quatrième jour. – Moi le neuvième jour. » Et l’on échange un “Bonne chance” ! »
« En moins d’une heure, raconte H. Galli2, la vie normale de travail fut suspendue. Les hommes mobilisables de toutes les professions abandonnèrent l’usine, l’atelier, le magasin et rentrèrent à la maison faire les préparatifs de départ. »
Le 2 août, une autre affiche : « Tous les étrangers, sans distinction de nationalité, pourront quitter le camp retranché de Paris avant la fin du premier jour de la mobilisation (le 2 août). » Ceux qui ne partent pas devront se faire délivrer un permis de séjour. « Les Allemands et les Austro-Hongrois, dès le deuxième jour de mobilisation, seront placés dans un lieu retranché pour être conduits ensuite dans un camp de concentration. »
Endormis en paix, réveillés en guerre
Le 2 août, les magasins, crémeries, brasseries, bijouteries dont les enseignes portent des noms à consonance étrangère sont saccagés, notamment les magasins de machines à coudre Singer et les laiteries à succursales Maggi (parce que c’est Maggi qui fabrique le bouillon Kub).
Albert Simonin, dans ses Confessions d’un enfant de la Chapelle3, raconte : « Nous nous étions endormis dans la paix, nous nous réveillions dans la guerre. Cela se traduisit rue Riquet par des galopades dans l’escalier, des vociférations de fenêtre à fenêtre, un bruit de vitrine effondrée… Une voisine vint avertir ma mère qu’on distribuait gratis, face à notre immeuble, le lait et le beurre de la boutique Maggi. […] (Lire la suite dans le numéro de septembre 2014)
Photo : © DR
Dans le même numéro (septembre 2014)
-
Le dossier du mois : Le 18e passe au vert
Des associations très perplexes [Article complet]
Nadia DjabaliDes idées, mais peut mieux faire… Les associations concernées par le projet de végétalisation espèrent qu’à l’avenir il y aura un peu plus de (...) -
Le dossier du mois : Le 18e passe au vert
Tapis vert pour le 18e
Nadia DjabaliAppel à propositions, financements, application smartphone… La végétalisation c’est maintenant ! Et ça se passe à côté de chez vous. « Il faudra (...) -
Culture
Manga Space, la caverne d’Ali Baba version Japon
Jacqueline GamblinCette librairie accueille tous les fondus de bandes dessinées japonaises au 30 rue Damrémont et leur propose aussi un espace de restauration. (...) -
Montmartre
Une modiste-chapelière inspirée au Studio 14
Jacqueline GamblinBibis, casquettes, toques… Les créations de Laurence Le Clerc, vendues sous la marque Kilin, réinventent les classiques avec fraîcheur et (...) -
Montmartre
Des perruques de cinéma made in 18e
Anne BayleyScarlett Johanson ou Annie Cordy ont porté les coiffures fabriquées par Ghislaine Tortereau dans sa boutique de la rue Labat. Si notre quartier (...) -
Goutte d’Or - Château Rouge
Caroline Barral, costumière pour le carnaval de Venise
Mary B. AdamsDepuis 25 ans, la costumière de la rue Richomme met de la féérie dans la cité des Doges et travaille également sur nombre de spectacles vivants. sur (...) -
La Chapelle
Une maison d’information pour Paris Nord-Est
Lucie CréchetLa maison du projet Paris Nord-Est a ouvert ses portes en mai dernier, au 40 Bld Ney, pour informer le public sur ce vaste projet d’aménagement. (...) -
La vie du 18e
Fête des Vendanges avec Sandrine Bonnaire et Jacques Higelin
Marie-Odile FargierSous le parrainage de Sandrine Bonnaire et Jacques Higelin, la fête des vendanges 2014 célèbrera les poètes et débordera sur tous les quartiers du (...) -
La vie du 18e
La grève dure dans les piscines et gymnases municipaux
Florianne FinetDepuis février, la CGT et FO réclament une revalorisation de la prime par dimanche travaillé pour les agents des équipements sportifs. La mairie (...) -
La vie du 18e
La maternelle d’Orsel à l’heure des tablettes numériques
le 18e du moisDepuis deux ans, les élèves de la petite section de maternelle de la rue d’Orsel testent la tablette tactile. Une expérience pilote dans (...) -
La vie du 18e
Entretien avec Éric Lejoindre, maire du 18e : Deuxième étape pour la démocratie participative
Colette FriedlanderLe maire revient sur le fonctionnement des conseils de quartiers et sur le budget participatif, qui financera prochainement des projets choisis (...) -
Les Gens
Brigitte, jamais loin de la Butte
Claire LemarchandLe 18e du mois a rencontré Aurélie et Sylvie avant la sortie très attendue de leur deuxième album. Deux artistes dont le quotidien n’est jamais bien (...)