Étienne Deschamps, juriste, a consacré sa vie à venir en aide aux bernés du salariat, tant au niveau local que national. Au moment où l’on célèbre les 50 ans de Mai 1968, sa conception d’un syndicalisme global ne peut que nous interpeller.
Étienne Deschamps est un enfant de la Goutte d’Or : « Je n’ai jamais vécu ailleurs ou alors vraiment pas loin. » Bien campé sur ses jambes et les bras croisés sur son plastron, le bonhomme en impose. Et si sa figure est joviale, l’œil vif et le regard rétif annoncent la détermination bien trempée du lutteur. « Déjà tout petit à la maison – où on vivait à quatre dans 27 m2 –, il était de bon ton de ne pas se laisser faire. » Pendant la guerre d’Algérie, sa mère est secrétaire d’un prof de droit proche du FLN qui défend juridiquement des Algériens violentés au commissariat d’à côté. « Ma mère n’était pas syndiquée mais si un patron l’emmerdait, elle se barrait sur-le-champ. » Au cours des années 1960, le jeune Étienne vit mal les contraintes scolaires. On le voit à 14 ans décharger des camions à Rungis, militant au passage contre la guerre au Vietnam. Quelques mois plus tard arrivent les événements de 1968. Dans son quartier, il adhère à un groupuscule, les Jeunesses syndicalistes révolutionnaires « dont les actions étaient surtout de l’agitprop ». Il se souvient aussi avoir participé à une distribution au profit des ouvriers du quartier : « 800 poulets venaient d’être expédiés d’une usine bretonne en grève. Beaucoup de manœuvres travaillaient alors à la Goutte d’Or : que ce soit dans des usines sidérurgiques, aux ateliers de la RATP de la rue Championnet ou dans la fabrique de disques vinyle de la rue Polonceau ». Étienne passe l’été à plaider la cause antimilitariste et adhère à la Confédération nationale du travail (CNT) à l’automne 1968.
Un flamboyant baroud d’honneur
Devenu conscrit, il honore ses convictions par un flamboyant baroud d’honneur à l’autorité martiale. Non content de ne pas se présenter à la convocation des « trois jours », il a le panache d’envoyer à sa place… sa mère. Le hardi insoumis écope tout de même de deux ans de prison. (Lire la suite dans le numéro de mai 2018)
Photo : © Christian Adnin
Dans le même numéro (mai 2018)
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