L’épicentre de mai 68 ne se trouvait pas dans notre arrondissement. Pourtant, des évènements précurseurs s’y sont déroulés et c’est là que tout s’est achevé…
La mèche allumée au début de l’année à la nouvelle université de Nanterre provoqua une explosion largement inattendue début mai au Quartier latin. Notre arrondissement n’ayant alors ni université, ni lycée, le mouvement étudiant ne pouvait guère s’y épanouir. Pourtant certains établissements secondaires proches comme les lycées Condorcet et Jacques Decour connurent une vraie mobilisation ; tous deux, situés dans le 9e arrondissement, accueillant nombre de lycéens du 18e. À Condorcet, quelques mois auparavant, était apparu le slogan « Non aux lycées casernes » à la suite des sanctions du proviseur contre deux élèves aux cheveux jugés trop longs. L’un des « agitateurs » est Romain Goupil, habitant de toujours de la Cité Montmartre aux artistes. Son exclusion du lycée en janvier 68, pour avoir organisé une grève et les protestations qui s’en suivirent, est à l’origine de la création des Comités d’action lycéens (CAL) qui jouèrent un rôle non négligeable durant les événements de mai.
Des engagements violents
L’un des principaux animateurs des CAL, Michel Recanati, est un grand copain de Goupil. En 1968, il est en terminale à Jacques Decour. Goupil et Recanati rejoignent la Jeunesse communiste révolutionnaire (l’organisation trotskiste deviendra la Ligue Communiste après la dissolution de la JCR en juin 68). Ils sont de toutes les manifestations. Jusqu’en 1973 lorsque Recanati, devenu responsable de l’imposant service d’ordre de la Ligue, est emprisonné, après que son organisation se soit affrontée aux militants d’Ordre nouveau, mouvement d’extrême droite, causant de nombreux blessés parmi… les forces de l’ordre. Recanati se suicidera en 1978, comme plusieurs militants de cette époque qui n’avaient pu faire le deuil de leurs idéaux révolutionnaires. Cette tragique histoire est d’ailleurs le fil rouge du premier et formidable long métrage de Romain Goupil, Mourir à 30 ans, l’un des meilleurs témoignages sur 68 et la décennie qui a suivi. (Lire la suite dans le numéro de mai 2018)
Dans le même numéro (mai 2018)
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