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Le 18e du mois

janvier 2015 / Histoire

Antoinette Binoche, la première femme maire du 18e

par Annick Amar

Gaulliste de la première heure, elle fût la première et la seule femme nommée en 1968 à la tête d’un arrondissement parisien dont les maires n’étaient alors pas élus..

Ma mère, Antoinette, a-do-rait les voitures… En tout cas beaucoup plus que les robes que lui confectionnait sa mère, qu’elle refusait obstinément de porter ! Elle aimait ouvrir le capot des voitures pour voir comment ça marchait et tenter, si elle le pouvait, de réparer les moteurs. D’ailleurs, dès l’âge de quinze ans, maman maîtrisait le maniement d’une voiture car elle avait pris l’habitude de conduire dans le jardin de la propriété de mes grands-parents en Sologne » raconte, avec un léger amusement, Monique Guenée, la fille cadette d’Antoinette Binoche, première femme nommée maire d’un arrondissement de Paris le 3 octobre 1968 : le 18e.

Jeunesse dorée

Antoinette Binoche est née le 28 avril 1910, à Paris, dans une famille de la grande bourgeoisie catholique d’origine bourguignonne. Son père Léon Binoche, après avoir été champion olympique de rugby à XV en 1900, poursuit sa carrière dans l’industrie du cuir. Sa mère, Suzanne, sans profession, est fille d’industriels. Antoinette est élevée, dans une famille unie, dans les beaux quartiers de Paris avec ses deux frères, François, futur Saint-Cyrien et Michel, futur polytechnicien.
Antoinette reçoit un enseignement de base, religieux, moral et domestique dans différentes écoles privées. Grâce à sa gouvernante anglaise, elle parle couramment la langue de Shakespeare. En 1929, elle obtient son permis de conduire. Et, comme à ses frères, lui sont inculquées des valeurs fortes telles que le sens de l’engagement, la solidarité et le patriotisme.
Elle fait un mariage d’amour en 1931, à 21 ans, avec un jeune homme de bonne famille, Guillaume Rostand, officier de la Marine nationale et petit cousin éloigné d’Edmond Rostand, l’auteur, notamment, de la fameuse pièce de théâtre « Cyrano de Bergerac ». Ils ont très vite trois enfants, Nicole, Monique et Pierre. Néanmoins, s’opposant aux usages de son milieu bourgeois dans lequel les femmes sont cantonnées à leur foyer et aux œuvres de charité, Antoinette ne se satisfait pas du rôle de femme d’intérieur bien qu’elle adore ses enfants. De 1936 à 1938, elle s’éloigne progressivement de son cercle familial, sort beaucoup… Elle pratique régulièrement le golf, la natation, la bicyclette et… la moto, en dépit de la réprobation grandissante de son époux Guillaume.
Ses parents, Suzanne et Léon, bien que ne comprenant pas forcément tous ses choix, la soutiennent. Ils la considèrent avec affection comme le « canard sauvage » de la famille. Ainsi, à bientôt trente ans, grâce à ses parents qui acceptent d’assumer l’éducation de ses enfants, Antoinette décide de partir à la recherche d’activité lui permettant d’assouvir, enfin, ses besoins de liberté, d’action, et son esprit d’entraide.

Résistante

En septembre 1939, la deuxième guerre mondiale débute. En mai 1940, c’est la débâcle de l’armée française. Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle prononce, sur les ondes de la BBC, un appel à la résistance. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé par le maréchal Pétain. Antoinette a trente ans et vit chez ses parents avec ses enfants. Tout comme le reste de sa famille, elle ne supporte pas l’Occupation et veut agir pour son pays. Sa maîtrise de la conduite automobile et de la langue anglaise vont devenir ses atouts...(Lire la suite dans le numéro de janvier 2015)


Photo : © DR

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