Une plaque honore depuis peu la mémoire d’Armand Barbès au métro Barbès-Rochechouart. Mais qui était l’homme qui donna son nom au célèbre boulevard ?
« Barbès, c’est quelqu’un ? » Barbès, en effet, est un nom propre et Barbès a un prénom : Armand. Il participa aux mouvements révolutionnaires de 1830 à 1848 et mourut en exil en 1870. C’est le Comité des ultramarins pour la mémoire d’Armand Barbès (Cumab) qui est à l’origine de la plaque inaugurée le 21 septembre dernier à sa mémoire, au pied métro Barbès-Rochechouart : Armand Barbès est en effet né en Guadeloupe en 1809. Il faudra certainement plus que cette simple plaque pour faire connaître l’engagement de toute une vie pour la démocratie et pour la république, le destin d’un homme politique pris dans les révolutions du XIXe siècle, un personnage complexe, défenseur de la liberté et de l’égalité, homme de panache et de courage, désintéressé, impulsif et excessif jusqu’au fanatisme.
À l’image du XIXe siècle, les parents d’Armand Barbès sont la réunion des contraires. Auguste Barbès, propriétaire terrien dans l’Aude, hostile à la monarchie, est promu médecin-chef du Gouvernement à Pointe-à-Pitre. Il y soigne Marguerite Berbas (parfait anagramme de Barbès !), d’une riche famille créole apparentée à la noblesse d’ancien régime, les Chaber de la Charrière. Leurs enfants Armand, Augusta et Louis naissent tous trois à Pointe-à-Pitre. En 1821, la famille revient s’établir près de Carcassonne, au chateau de Fourtou, et vit de ses propriétés agricoles métropolitaines et antillaises.
Dans la campagne minervoise, Armand parle le patois languedocien avec l’accent créole, sans rouler les ‘r’, ce qui donne un charme tout à fait particulier à ses discours. Grand pour l’époque, mince et séduisant, mélancolique, sans doute dépressif, il a une conception romantique et idéaliste, mais indestructible de la démocratie. Inspiré par Gracchus Babeuf et tous les élans révolutionnaires romantiques et généreux de l’époque, il a les idées socialistes de son temps. Ses élans d’enthousiasme et de rébellion ne sont pas qu’un trait de jeunesse. Républicain avant tout, il veut promouvoir la révolution sociale, faire régner concrètement l’égalité et la fraternité. Riche bourgeois, il adhère pourtant aux idées socialistes de son temps. Il n’est pas contre la propriété, mais renonce par idéalisme à son héritage au profit de son frère et de sa sœur. À l’Assemblée Constituante de 1848, il siège à l’extrême gauche.
Vivre libre ou mourir
Sous l’influence de son père, il part à 23 ans étudier la médecine à Paris, mais ne supporte pas la vue du sang... et se tourne vers le droit sans enthousiasme. Mais à la différence de nombre de jeunes provinciaux montés à Paris, ce n’est pas au théâtre ni avec des actrices qu’il passe son temps, ni à la recherche de la fortune ou la gloire. « Je viens à Paris pour [...] mettre au service de la cause démocratique ma fortune, mon sang, ma vie », déclare-t-il à Étienne Arago, à qui on le recommande. Il est venu pour « vivre libre ou mourir »...(Lire la suite dans le numéro d’octobre 2014)
Illustration : © DR
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