Si Montmartre n’a pas séduit Albert Camus, il l’a inspiré pour écrire en quelques mois son premier roman emblématique.
Le 16 mars 1940, Albert Camus arrive à Paris. Il a pris le bateau, le 14, à Oran pour Marseille. Le « fils d’Alger » quitte, sans autre regret qu’amoureux, la grande ville de l’ouest algérien où il a effectué un bref séjour avec sa nouvelle muse, Francine Faure, alternant cours de philo, écriture personnelle et bains de mer, à Mers-el-Kébir ou à Trouville. « À première vue, Oran est une ville ordinaire […] la cité elle-même, on doit l’avouer, est laide […], un lieu neutre, on s’y ennuie » écrira-t-il dans La Peste. Dans une lettre à Roger Grenier, il évoque « la ville la plus indifférente du monde », et dans l’un des récits qui composent L’Été, il dit encore : « Forcés de vivre devant un admirable paysage, les Oranais ont triomphé de cette redoutable épreuve en se couvrant de constructions bien laides. On s’attend à une ville ouverte sur la mer, lavée, rafraîchie par la brise des soirs. Et, mis à part le quartier espagnol, on trouve une cité qui présente le dos à la mer, qui s’est construite en tournant sur elle-même, à la façon d’un escargot. Oran est un grand mur circulaire et jaune, recouvert d’un ciel dur. Au début, on erre dans le labyrinthe, on cherche la mer comme le signe d’Ariane. Mais on tourne en rond dans des rues fauves et oppressantes, et, à la fin, le Minotaure dévore les Oranais : c’est l’ennui » (Le Minotaure ou la Halte d’Oran).
Bataille perdue
Camus a déjà plusieurs cordes à son arc : homme de théâtre, journaliste, militant politique, il a publié deux ouvrages, L’Envers et l’endroit, recueil de réflexions sur l’enfance et Noces, suite de récits lyriques exaltant les paysages d’Algérie, le site archéologique de Tipaza en particulier. Mais, après la bataille perdue du journal Alger républicain, se produit une cassure. À l’exception d’un long séjour l’année suivante, Camus ne reviendra en Algérie qu’en de rares occasions, malgré la persistance d’un lien très fort qui continuera de nourrir son dialogue avec la terre algérienne… (Lire la suite dans le numéro de septembre 2018)
Photo : DR - Collection Catherine et Jean Camus
Dans le même numéro (septembre 2018)
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