Cette universitaire vient de publier un ouvrage sur la sexualité des Français. Graphomane amoureuse de son quartier, entre deux ouvrages, elle trouve le temps d’écrire des articles pour Le 18e du mois.
« Je suis politologue, sociologue et romancière à l’occasion, commence Janine Mossuz- Lavau. J’écris tout le temps, j’ai toujours des sujets en tête. Quand j’étais plus jeune, je me disais que j’aurais réussi ma vie quand j’aurais écrit un roman et fait un enfant. » Objectif doublement atteint puisqu’elle a deux enfants et deux romans à son actif. Chercheuse à Sciences Po, elle a une bibliographie fournie, notamment des enquêtes sur la sexualité des Français et des ouvrages sur André Malraux.
Arrivée en 1981 dans le triangle 17e, 9e et 18e, et installée place Blanche quelques années plus tard, elle n’a pas l’intention d’aller voir ailleurs, tant elle apprécie son petit village. « Place Blanche, on se connaît tous. Sylviane, la kiosquière est devenue une amie ». Janine lui achète Libé tous les matins et elles tchatchent de leur passion commune des vide-greniers. « Le dimanche Christiane va aux Puces de Vanves. Moi, j’écume les vide-greniers du nord-est parisien. Le lundi, nous faisons le point sur nos achats respectifs. »
Jeunesse en Savoie
Lorsque nous l’avons rencontrée, elle sortait d’un marathon médiatique de deux mois et demi. Soixante-dix entre- tiens à la télé, à la radio, pour la presse en ligne et écrite, à l’occasion de la sortie de son dernier livre enquête, La Vie sexuelle en France (La Martinière).
Cette femme hyperactive est originaire d’un milieu très modeste. Ses parents étaient fromagers, « un métier qu’on ap- pelle fruitier en Haute-Savoie, tient-elle à préciser. Au mois de mars, contrat est passé pour un an avec une société d’éleveurs d’un village. Mes parents s’ installaient dans la fruitière où, deux fois par jour, les paysans venaient déposer le lait de la traite. » Au bout du lait : la tomme de Savoie et le reblochon fabriqué par le père, le beurre par la mère. « Mes parents n’avaient ni week-end, ni vacances. On a déménagé plu- sieurs fois. »
Janine est ce qu’on appelle une transclasse, une personne qui est sortie de son milieu d’origine. Mais, prévient-elle d’emblée, « je n’ai pas quitté un milieu pour un autre, je garde un pied dans l’un et le deuxième dans l’autre ». (Lire la suite dans le numéro de janvier 2019)
Photo : Thierry Nectoux