février 2019 / Le dossier du mois
Exilés : les associations dénoncent une mise en danger délibérée
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Alors que le froid s’intensifie et que des campements d’exilés champignonnent sous le périphérique et les bretelles d’autoroute du nord-est de Paris, un collectif d’associations, dont le Secours catholique, Médecins du Monde et Emmaüs, interpelle l’État sur le sort de cette population « invisible ».
Après plusieurs mois de tentatives de négociations avec la Mairie de Paris et le préfet d’Ile-de-France, le collectif a décidé d’y mettre un terme, constatant « la faillite de l’État dans l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et d’accueil inconditionnel ». Dans une lettre adressée au président de la République fin décembre, 14 associations affirment que la précarisation des migrants s’accentue et que leur situation « confine à une mise en danger délibérée ».
Aux portes de Clignancourt, de La Chapelle, d’Aubervilliers et de La Villette, 2 000 à 3 000 personnes dorment dans la rue chaque nuit, souvent sans eau ni toilettes, à cause du manque d’hébergement et de volonté politique, selon Thomas Berteigne, président de la Ligue des droits de l’Homme du 18e. « Depuis 2014, on compte environ 100 000 demandeurs d’asile par an, mais il n’y a que 42 000 places disponibles dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Les quelques mises à l’abri se font dans des gymnases et autres structures temporaires. Ce sont souvent des gens dont les demandes d’asile ont été rejetées en Allemagne ou en Suède, ou qui viennent de pays d’Europe en défaillance tels que l’Italie ou la Hongrie qui ne remplissent pas leurs devoirs » déclare Thomas Berteigne. Ce sont les « dublinés ».