C’est un atelier discret au début de la rue Marcadet. Pourtant c’est là que des musiciens de jazz de renommée internationale et des musiciens classiques viennent faire réparer leur saxophone.
Jean-François Adamo, JF pour tous les habitués, est tombé dans le saxophone tout petit et il se définit comme le seul « musicien-réparateur ». Son grand-père sicilien jouait bien de la guitare mais rien ne prédestinait JF au jazz et au saxo. Mais dès l’âge de six ans, il découvre le jazz New Orleans et demande à son père de lui acheter des disques. Il ne comprend pas lui-même son attrait pour cette musique mais, comme disait Duke Ellington, « le jazz ne s’explique pas ».
Une rencontre
À neuf ans, sur les conseils de sa mère, il commence l’apprentissage du saxophone. Il veut arrêter après un an mais persévère malgré tout bon an mal an pendant environ quatre ans. Il fait alors une rencontre déterminante pour la suite de son parcours : Mike Ellis, un musicien américain qui vit à la Goutte d’Or, avec lequel il accroche, le fait improviser. JF dit de lui que c’est « son père musical » et qu’il est dans le métier grâce à lui.
Sa carrière professionnelle commence dès l’âge de 14 ans par trois représentations au théâtre Trévise et se poursuit jusqu’en 2003. Il a joué (entre autres) au New Morning, au Baiser salé rue des Lombards, et s’est frotté à tous les styles. Mais il préfère les formations typiques du jazz, les big bands, où les musiciens jouent les grands standards et où, dit-il, « tu es comme un surfeur sur la vague et boum, c’est à ton tour ».
Mais bizarrement, il sait depuis toujours qu’il est « réparateur avant tout ». Alors à 26 ans, « l’âge de la maturité pour commencer la réparation », il se forme, principalement pendant quatre ans auprès de Marianne d’Ursin, créatrice de Sax Machine à Pigalle, qui lui donne une « vision de la réparation ».
Dans son atelier JF Sax, ouvert en 2010, il adapte sa technique de réparation à chaque instrument et le règle individuellement pour le musicien, suivant le son qu’il veut obtenir. Comme il aime à le répéter, il travaille « à contre-courant de ce qui se fait », à l’ancienne, dans le respect de l’instrument, du client et du métier, en prenant son temps et en utilisant toujours les meilleurs matériaux.
Dans les règles de l’art
Il fait également dépôt-vente et propose de magnifiques instruments des années 20 à nos jours – tout « ce que les gens ne trouvent pas sur internet » – accrochés sur les murs de son atelier. « C’est un petit milieu, tout le monde se connaît. » Les marchands ou les musiciens qu’il a dépannés des centaines de fois lui confient volontiers leurs instruments. Ils savent qu’ils seront rénovés dans les règles de l’art et revendus à des connaisseurs passionnés. Aussi, des musiciens tels que James Carter, Oliver Lake (l’une de ses révélations à 14 ans et une de ses références), Steve Pots qui lui raconte des histoires séminoles, ces Amérindiens de Floride, et aussi David Sanzay ou Irving Acao viennent le voir régulièrement lorsqu’ils sont de passage à Paris, pour ses saxophones dont certains sont des raretés.
JF Sax, 1 rue Marcadet,
sur rendez-vous, 01 83 97 05 43,
contact@jfsax-paris.com
Photo : © Jean-Claude N’Diaye
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