Alors que la possible prorogation de l’état d’urgence défraye la chronique, les pleins pouvoirs donnés à la police prennent dans le 18e arrondissement des formes très concrètes, générant l’inquiétude. Retour sur les conséquences d’un virage sécuritaire pris à toute allure.
Dans la cage d’escalier du 29 rue Affre, la quiétude a repris ses droits. Désormais, seul le râle lointain de la vie urbaine s’invite dans les lieux. Mais à tous les étages, les habitants se souviennent comme d’hier des événements du 25 novembre 2015 et de leur lot d’angoisses. « Les parties communes ont vite été prises d’assaut par des policiers en nombre, équipés pour une intervention musclée. Nous avons d’abord cru à une opération d’envergure, de type Saint-Denis, contre des terroristes retranchés dans un appartement », confie un voisin. Il n’en était rien. Aucun assaillant, aucune menace. Pourtant, l’état d’urgence a frappé fort ce jour-là, et Albert Diabaté (1), résident de l’immeuble, en a lourdement fait les frais.
À l’origine de l’affaire, une interpellation dans la rue pour une banale affaire de stupéfiants. Rien d’extraordinaire dans le quartier. Mais rapidement, la méthode employée étonne. L’individu est plaqué au sol, violemment malmené par plusieurs policiers. Attiré par des bruits extérieurs inhabituels, Albert Diabaté se rend à sa fenêtre et somme les agents de modérer leurs gestes. « C’était excessif. Ils s’acharnaient physiquement sur lui alors qu’il était déjà maîtrisé depuis un moment », explique-t-il. Par un vocabulaire fleuri, les policiers font comprendre au riverain que l’affaire ne le regarde pas. Le ton monte et les forces de l’ordre décident de s’inviter chez le jeune homme pour lui signifier plus clairement qu’ils mènent leurs interventions comme ils l’entendent... (La suite dans le numéro de février 2016)
1. Le nom a été modifié.
Photo : © Tessa Chéry
Dans le même numéro (février 2016)
-
Culture
Samuel CincinnatusToulouse-Lautrec en BD !
Les éditions Glénat ont lancé en 2015 une collection de bandes dessinées consacrée aux grands peintres. Olivier Bleys et Yomgui Dumont ont imaginé un (...) -
La vie du 18e
Annie KatzLogement social : turbulences dans le nettoyage
Les nombreux bailleurs sociaux du 18e (Paris Habitat, La Sablière, la RIVP) vont faire l’objet d’un audit sur la sous-traitance, comme tous les (...) -
La vie du 18e
Sylvie ChatelinÉpluchures et trognons de pommes : ne les jetez plus à la poubelle !
La Ville de Paris installe des composteurs au pied des immeubles où les habitants sont volontaires pour trier leurs déchets végétaux. Vous habitez (...) -
La vie du 18e
Virginie ChardinLe 18e en fauteuil roulant : un parcours d’obstacles ! [Article complet]
Notre reporter a arpenté l’arrondissement aux côtés d’un handicapé moteur. Trottoirs, chaussées, banques, boutiques, transports en commun, places de parking : il reste beaucoup à faire pour appliquer la loi sur l’accessibilité. -
La Chapelle
Stéphane BardinetLe Campus Condorcet, une méga université entre Paris et Aubervilliers
Quatre universités, six établissements d’enseignement supérieurs et de recherche vont créer là un pôle d’excellence en sciences humaines et sociales. À (...) -
La Chapelle
Sylvie ChatelinL’école Pajol occupée contre l’expulsion d’un parent d’élève
Début d’année citoyen et engagé à l’école Pajol, quand toute une école a dit non à la reprise des expulsions brutales de parents sans-papiers. Bon (...) -
Goutte d’Or - Château Rouge
Annie KatzInstitut des cultures d’islam : problèmes en série
Bail contesté, hammam fermé, sans parler de l’abandon du site Polonceau-Poissonniers : un vent mauvais souffle sur l’Institut des cultures d’islam. (...) -
Montmartre
Nadia DjabaliRue des Trois Frères : Chez Aimé contre-attaque
Sandrine De Maio, patronne du bar Chez Aimé, conteste les propos du collectif des riverains de la rue des Trois Frères. Tiens Sandrine, il y a (...) -
Evénement
Le 3 février : Débat autour des relations entre médias et quartiers populaires
le 18e du moisDébat autour des relations entre médias et quartiers populaires : Le 3 février à 19 h au centre Barbara-Fleury-Goutte d’Or (1 rue Fleury). Avec (...) -
Les Gens
Florian Gaudin-WinerBachir Ibrir, l’essence du 18e
Il officie depuis 40 ans comme opérateur de station-service, rue Custine. Et il n’est pas près de s’arrêter. « Voilà, mon fils ! » C’est par ces mots (...) -
Clignancourt
Marie-Odile FargierOn lève le coude rue Ramey
On serait tenté de l’appeler « la rue de la soif ». Sur moins de 300 m, entre la rue Nicolet et la rue Marcadet, pas moins de quatre bars à vins (...)