Nous avons demandé à Marcel Dorigny, spécialiste de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage en France, auteur de nombreux ouvrages dont l’Atlas des esclavages et habitant du quartier La Chapelle, de nous éclairer sur l’origine des noms de certaines rues de ce quartier.
Le quartier de La Chapelle, intégré au nouveau 18e arrondissement, a été créé par le recul des limites municipales de Paris qui passait ainsi de douze à vingt arrondissements. Il a été loti après 1860. Auparavant, le site faisait partie de la commune de La Chapelle. Le quadrilatère formé par les actuelles rues Riquet, de Torcy et de La Chapelle plus, à l’est, la rue Pajol était occupé en grande partie par le « marché aux bestiaux de La Chapelle », détruit en 1863. L’architecte Auguste-Joseph Magne, qui a construit entre 1858 et 1861 l’église Saint-Bernard-de-La-Chapelle dans le quartier de la Goutte d’Or, a ensuite réalisé, entre 1883 et 1885, le marché couvert qui existe toujours.
Le contrat du Sieur de L’Olive
Les rues qui forment aujourd’hui ce quartier, autour du marché de La Chapelle, portent des noms qui évoquent les « vieilles colonies » françaises d’Amérique, à l’exception de la Guyane et de la République de Haïti, l’ancienne Saint-Domingue française, la grande absente de la toponyme parisienne. La rue de la Martinique, la rue de la Guadeloupe, la rue de la Louisiane, la rue du Canada ont été baptisées en 1877. Toutes ces rues enserrent l’actuel marché couvert. La rue L’Olive, ancienne rue du Marché qui conduisait au marché aux bestiaux, a été baptisée en 1875. Seul l’accès au dossier d’archives permettrait de connaître les raisons qui ont amené les élus des années 1875-77 à consacrer ce quartier, alors nouveau, aux colonies d’Amérique, dont deux n’étaient plus terres françaises depuis longtemps : le Canada, devenu britannique en 1763, et la Louisiane qui, après avoir été espagnole de 1763 à 1801, a été rétrocédée à la France et finalement vendue aux États-Unis en 1803 par Bonaparte... (Lire la suite dans le numéro de janvier 2018)
Dans le même numéro (janvier 2018)
-
Montmartre
La Poste chez... le libraire
Michel CyprienPour la première fois à Paris, on peut trouver des services postaux dans une librairie-presse ! C’est devenu monnaie courante en province : pour (...) -
Goutte d’Or
Les seuls fromages made in Paris à la laiterie
Marie-Odile FargierPierre Coulon fabrique sur place des laitages et des fromages. Il propose aussi lait en vrac, beurre, crème fraîche et autres produits fermiers. (...) -
La Chapelle
Une ferme souterraine dans un parking abandonné
Samuel CincinnatusDans les sous-sols d’un immeuble de la porte de La Chapelle poussent endives et champignons 100% bio. Peut-être en avez vous déjà goûté sans le (...) -
La Chapelle
Bientôt un palais des sports porte de la Chapelle
Brigitte BatonnierLa salle de 7 500 places doit être construite pour les JO 2024. Paris en a besoin, notamment pour les Jeux olympiques de 2024. Le nouveau palais (...) -
Clignancourt
Des « hameaux passerelles » pour sortir des bidonvilles
Sophie RouxPlutôt que des expulsions à répétition, comme c’est le cas porte des Poissonniers, des bénévoles proposent de construire des cabanes sur un lieu fixe (...) -
Le dossier du mois
Budget participatif, quatre ans après : un bilan en demie-teinte
Catherine Xerri, Hajer Khader BizriFaible taux de participation, travaux qui relèvent des compétences de la mairie, simples projets d’agréments. L’initiative lancée en 2014 est sous le (...)