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juin 2017 / La vie du 18e

Le Conseil de la nuit porte-t-il conseil ? [Article complet]

par Stéphane Bardinet

Cette arène de concertation doit encore apporter les preuves de son utilité, même si elle favorise le rapprochement des points de vue entre bars et riverains. Concilier logique économique et respect des habitants n’est pas une sinécure.

Créé en 2014 par la Ville de Paris dans le sillage des États généraux de la nuit, le Conseil de la nuit est une instance informelle de régulation des conflits. Il se réunit deux fois par an. Avec une action au quotidien, il a au moins su créer le dialogue. Son but : rassembler dans un même cénacle des associations de riverains gênés la nuit par les rassemblements autour de débits de boissons et les patrons de bars représentés par leurs syndicats. Y sont aussi présents des fonctionnaires de la préfecture de police, de la région Île-de-France et de la Ville, et d’autres acteurs. La voix des associations passe principalement par le réseau Vivre Paris, un collectif qui en rassemble une vingtaine.

Pour les membres de Vivre Paris, la balance est très clairement déséquilibrée. « Nous assistons toujours aux réunions du Conseil de la nuit. Nous nous devons d’y être car rien n’est pire que la politique de la chaise vide. Toutefois nous dénonçons une trop grande proximité de la mairie avec le lobby de la nuit, dénonce Gilles Pourbaix, membre du réseau et de l’association du quartier des Halles Accomplir. On parle beau- coup au Conseil de la nuit mais il ne s’y passe pas grand-chose. » Du côté des établissements, le Synhorcat (Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers, traiteurs) et l’Umih (Union des métiers et de l’industrie hôtelière) saluent sur leur site internet l’existence de cette instance et appellent à miser encore plus sur la vie nocturne. « Dans un contexte de concurrence européenne exacerbée sur le segment vie nocturne, Paris semble ne pas exploiter tout son potentiel », avance l’Umih.

Les affaires d’abord ?

Conseiller délégué auprès du pre- mier adjoint à la maire de Paris, chargé des questions relatives à la nuit, Frédéric Hocquart anime le Conseil de la nuit. Il défend le bilan et l’esprit d’équilibre de cette instance. « Nous essayons prévenir et de réguler par la concertation les points difficiles, comme la récente émergence du spot dans le bas de la rue des Trois Frères. Paris est une ville dense avec une vie nocturne forte. Les bars ne fermeront pas et les riverains ne partiront pas, tout le monde est obligé de cohabiter, rappelle-t-il. Mais globalement, ça se passe bien. La vie parisienne nocturne est en essor, les bars se développent mais la régulation fonctionne. Il n’y a pas ça dans d’autres grandes villes européennes et les situations sont bien plus dégradées à Londres ou Barcelone ou même Berlin. »

Une méthode pour quel bilan ? « À sa création, le conseil a mis en place un réseau de référents par mairie d’arrondissement. Nous sommes en train de mettre en place des commissions de régulation des débits de boisson dans les 10e et 11e qui devraient permettre la résolution des problèmes avant d’en arriver aux mesures coercitives. Par ailleurs nous avons déployé, sur la demande de Vivre Paris, des sondes directionnelles qui permettent de mesurer et de localiser les nuisances. »

Un bilan au final un peu maigre, et qui avance des mesures prises avant sa formation, comme les sondes qui existent depuis 2012 selon le site de Bruit Parif. En tout cas, dans le 18e, les points de frictions ne manquent pas et peinent à trouver une solution. Y en a-t-il une ?

Photo : © Christian Adnin

Dans le même numéro (juin 2017)

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