Cette directrice artistique, metteure en scène, chorégraphe, a à cœur de développer les pratiques artistiques et culturelles
Ils sont une soixantaine. Des gens du quartier, des habitants du 18e, des invités... de toutes générations, de tous âges, venus participer à la soirée Poètes en résonances, comme chaque dernier vendredi du mois. « Le public, constitué de personnes aux multiples cultures et origines, est face à la rue, qui sert de décor », décrit Naïma Taleb. « Deux poètes, un homme et une femme, prennent la parole tour à tour. » Tous partageront ensuite un dîner que certains d’entre eux ont eu soin de préparer. Ce n’est pas banal de faire venir autant de monde pour une soirée poésie, porte Montmartre ! Naïma et son mari, le poète kurde Seyhmus Dagtekin, ont fondé la compagnie Résonances, organisatrice de l’événement, en 1995. Ce soir, ils accueillent chaque personne avec une attention toute particulière.
Un engagement, génétique ?
Née à Tunis en 1957, Naïma Taleb arrive en France, en Normandie, au début des années 1970, avec ses parents et ses cinq frères et sœurs. « J’ai connu l’émotion du départ », nous dit-elle. L’arrivée en France semble la suite naturelle de l’histoire familiale. Au détour de la conversation, elle parle de son père, militant communiste. Et l’on comprend que l’avenir de la famille ait fini par se jouer dans un autre pays que la Tunisie de Bourguiba, où le Parti communiste a été interdit de 1963 à 1991, et ses membres bannis de la vie publique. De cela, il reste sans doute dans l’ADN de Naïma le gène de l’engagement, l’implication dans la vie de la cité. Une forme de politique. Autrement. L’engagement citoyen, dans la création.
(Lire la suite dans le numéro de janvier 2019)
Photos : Thierry Nectoux