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mai 2016 / Les Gens

Pauline Aubry, de l’angoisse à d’étonnantes BD

par Jacqueline Gamblin

Quand une ex-adolescente dépressive se libère de ses angoisses en dessinant sa propre histoire avec humour et tendresse.

Près de Barbès, dans l’atelier lumineux qu’elle partage avec quelques jeunes créateurs, elle dessine, d’un trait rapide et sûr, une « mutante » aux grands yeux. Deux légers coups de pinceau, la voici blonde en jupe à pois rouges. Suit une dédicace de sa dernière BD reportage, Les Mutants, un peuple d’incompris, consacrée au mal-être adolescent. Heureuse auteure de bandes dessinées (L’Hôpital des ados, revue XXI n° 30), récompensée par une sélection Jeunes talents au Festival d’Angoulême 2014 (Pôlette à l’Hôpital), Pauline Aubry est ainsi : l’idée, le trait, le texte, jaillissent d’un coup, l’humour en supplément gratuit. Comme dans le récit de son itinéraire personnel, inclus pour partie dans Les Mutants et réalisé à l’issue de son atelier BD en service pédopsychiatrie d’un grand hôpital parisien au cours de l’hiver 2013-2014, et qu’elle évoque volontiers.

Dessin contre dépression

Silhouette déliée, visage sans fard et sourire généreux, Pauline, issue d’un milieu très bourgeois, revendique d’une voix un peu forte la Villa Poissonnière comme lieu d’habitation privilégié. Mais elle apprécie toute la Goutte d’Or, où ses deux jeunes enfants vont l’un à l’école, l’autre à la crèche. L’ambiance familiale et sympathique, l’esprit de solidarité, le mélange des genres et des cultures qui règnent dans le quartier l’enchantent.
Née en 1981 à Paris, fille unique, son adolescence fût selon elle, « plutôt joyeuse » en dépit de l’angoisse de décevoir les attentes des parents. Alors qu’elle veut être journaliste, elle rate Sciences Po et ne sait plus quoi faire. Elle s’inscrit en fac de droit, s’y fait une bande de potes mais aucun d’eux ne passe les partiels de janvier.
Ses crises d’angoisses s’accentuent, générant un « mal invisible », l’impression de mourir. Personne, pas même les médecins selon elle, ne la prend au sérieux. Abrutie d’antidépresseurs prescrits par un généraliste, elle suit sa mère chez « un grand psy ». Qui diagnostique « un problème de gosse de riche ». À 19 ans, en pleine dépression, Pauline, encore « adolescente » selon une amie médecin, ne se sent bien qu’à l’hôpital, qui la rassure. Car les mêmes questions la taraudent : « Que faire de ma vie, comment gérer les attentes familiales ? ».
Les années passent quand le choc d’une brutale rupture amoureuse la guérit. Débarrassée de ses angoisses et sevrée des médicaments, elle fait le tour des pays d’Amérique latine. Elle découvre l’Argentine et Buenos Aires, berceau de sa famille, où elle effectue quatre mois de stage dans une agence de publicité, après quatre années d’études supérieures de conception visuelle (ECV) à Paris. Elle tente « l’humanitaire » en Bolivie, mais s’aperçoit vite que ce n’est « pas son truc ». Séjourne quelques mois en Angleterre, et de retour à Paris, se sent « retapée » par ce périple.... (Lire la suite dans le numéro de mai 2016)


Photo : © Tessa Chéry

Dans le même numéro (mai 2016)