juillet-août 2018 / Le dossier du mois
A fleurs de ville, des jardins respirent le partage
Passées les premières résistances administratives, les projets citoyens ont verdi les interstices de la ville. Même si les parcelles disponibles sont de moins en moins nombreuses.
Quatre-vingt recensés à Paris en 2013, 120 aujourd’hui (liste paris.fr, mise à jour en mars 2018). Avec 13 jardins, le 18e arrive en quatrième position, à égalité avec le 12e, derrière le 19e, le 20e et le 13e. Ils peuvent prendre plusieurs formes : en pleine terre ou en hors-sol, dans des jardins publics ou sur des friches, sur des quais de gare désaffectés, des toits, des emprises foncières de la ville, sur des terrains privés ou gérés par des bailleurs sociaux.
Et pourtant, à l’origine…
Nous avons rencontré Laurence Baudelet, co-fondatrice de l’association Graine de jardins (en 2001) qui anime le réseau régional des jardins partagés de Paris et plus largement d’Ile-de-France. Elle nous rappelle qu’il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. « Il y a 15 ou 20 ans, l’idée qu’un terrain public soit géré par une association privée en dehors d’une délégation de service public était très novatrice » et rencontrait des résistances de la part de la mairie. « La Ville ne souhaitait pas que son foncier ou ses immeubles soient occupés ». Elle considérait cela comme « une énorme prise de risque » avec la peur de « faire tomber un permis de construire » si les occupants d’un jardin partagé s’obstinaient à ne pas vouloir quitter les lieux lorsque les travaux de construction étaient lancés.
Résistance également de la part de la DPA (direction du patrimoine et de l’architecture) qui y voyait une menace pour la valeur patrimoniale de Paris. Il est vrai qu’il n’y a pas grand chose de commun entre un jardin « à la française » à la symétrie parfaite et tracé au cordeau et un espace arraché à une friche où l’imagination, la créativité et la vie sont souvent foisonnantes. Autre temps, autres mœurs mais on peut se demander si de tels endroits n’ajoutent pas plutôt de la plus-value aux quartiers dans lesquels ils s’installent. (Lire la suite dans le numéro de juillet-août 2018)