Si les plus gros campements de migrants ont disparu, les exilés errent toujours dans les rues de Paris. Solidarité Migrants Wilson, un collectif non subventionné apporte un appui alimentaire quotidien depuis deux ans. A bout de forces, il a finalement passé le relai à la Mairie de Paris.
Ce matin-là, à la porte de La Chapelle, une longue file s’étire le long d’un terrain de sport côté nord du boulevard Ney, à quelques mètres du périphérique. Ces exilés d’Afrique, d’Afghanistan et d’ailleurs qui font la queue pour un café et un bout de pain se trouvent à 200 mètres de l’arrêt du tram mais restent invisibles aux Parisiens qui piétinent de l’autre côté des Maréchaux. Comme la plupart du temps, ils sont 600 à 700 à fréquenter ce point de distribution alimentaire. Depuis quelques semaines, il est menacé de fermeture à la suite des retraits successifs de deux groupes très actifs de bénévoles qui deux ans durant sont venus au secours des exilés dans ce secteur. Il est environ 10 h, il fait chaud et sec, des petits groupes d’hommes prennent leur petit-déjeuner en bavardant, sacs à dos à terre, massés le long d’un bout de terrain vague sous une bretelle d’autoroute. D’autres restent assis sur des cartons posés sur le trottoir. Pas de femme nid’enfant en vue.
La foule est calme, un gardien bien bâti, debout derrière une barrière, filtre les hommes un par un vers les boissons chaudes, le sucre, les jus de fruits et le pain. « Il n’y a plus de fruits, on a aussi des compotes mais beaucoup n’aiment pas ça », dit l’une des personnes servant le petit-déjeuner quotidien. De temps à autre, surgit derrière la barrière une femme ou un malade qui sera servi en priorité. Idem pour quelques toxicomanes décharnés, l’air hagard, « pour éviter les problèmes ». La nuit ils partagent les mêmes terrains vagues environnants. (Lire la suite dans le numéro d’octobre 2018)
Illustration : Séverine Bourguignon
Dans le même numéro (octobre 2018)
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