Dès 1822, avant même le rattachement de la Butte à la ville Paris, le « théâtre Montmartre » a attiré le public parisien. Il a connu des heures glorieuses, notamment sous la direction de Charles Dullin puis d’André Barsacq, et entre dans une nouvelle phase cette année avec l’arrivée de Didier Long.
Au début du 19e siècle, Montmartre était loin de Paris et il était difficile pour ses habitants, comme pour les autres « banlieusards » de profiter des spectacles donnés dans la capitale faute de moyens de transports adéquats. Pour remédier à cette situation, mais aussi et surtout pour se bâtir de belles fortunes, certains eurent l’idée de construire des salles de spectacle hors de l’enceinte des Fermiers généraux. Outre les faubouriens, c’était s’assurer un public parisien qui ne résisterait pas, pour se divertir à moindre frais, à franchir « le mur murant Paris (qui) rend Paris murmurant ». Ainsi, en 1822, Pierre Jacques Seveste entreprit d’édifier sur le versant sud du mont des Martyrs, rue des Acacias (l’actuelle rue d’Orsel), au cœur du village d’Orsel – dont la création, par le spéculateur Joseph Orsel, remontait à 1802 – le théâtre Montmartre ou théâtre des jeunes élèves, ancêtre du théâtre de l’Atelier. Cet acteur (et danseur), qui se produisait sur les scènes du boulevard du Temple et au Vaudeville, boulevard des Capucines, avait obtenu de Louis XVIII, le 18 juin 1817, un privilège exorbitant, à savoir la licence d’exploitation de toutes les entreprises théâtrales dans les faubourgs, pour avoir, dit-on, indiqué au roi l’endroit où se trouvaient les restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Pour le théâtre Montmartre, l’architecte Haudebourg avait conçu une salle en bois pouvant accueillir 850 spectateurs. La décoration principale fut réalisée par Messieurs Martin et Cicéri, celle de la première galerie par Évariste Fragonard, le fils du peintre. Très vite, on surnomma cette salle « Galère Seveste », car les jeunes comédiens débutants qui composaient la troupe ne recevaient qu’une rémunération symbolique au motif qu’on les préparait au métier.
À la mort de Seveste, sa veuve et ses enfants poursuivirent l’exploitation et ajoutèrent deux autres théâtres à leur empire, ceux de Grenelle et de Belleville. Les spectacles présentés, essentiellement des vaudevilles, avaient beaucoup de succès auprès du public, mais celui-ci se plaignait de l’absence de confort et de la précarité des transports. La création de l’omnibus, en 1828, permit à de nombreux spectateurs habitant à Paris intra-muros d’accéder aux théâtres des faubourgs ...(Lire la suite dans le numéro de septembre 2015)
Illustration : © DR
Dans le même numéro (septembre 2015)
-
Incendie
Après l’incendie de la rue Myrha
Noël BouttierLe 2 septembre, très tôt le matin, le feu a ravagé l’immeuble du 4 rue Myrha, faisant au moins huit morts (le bilan définitif de cet incendie (...) -
La Chapelle
Grand Parquet : l’absence de concertation cristallise les inquiétudes
Annie KatzLa mise en place d’une clôture autour du jardin d’Eole qui longe le théâtre et sa future programmation ont fait l’objet de vifs débats entre riverains (...) -
Portrait
Michel Campana et les drôles de machines de Leonardo
Anne BayleyAncien professeur de mécanique, il est aujourd’hui constructeur de mécanismes et d’instruments scientifiques inventés et utilisés par Léonard de (...) -
Montmartre
Aux chiens agiles de la rue des Saules
Anne FaragoEn quelques années, le rendez-vous des chiens de Montmartre est devenu une institution. À la grande joie des maîtres, des toutous et des touristes. (...) -
Grandes Carrières
Stade Championnet : la mairie revoit sa copie
Nadia DjabaliUn projet immobilier de la Ville de Paris rencontre l’hostilité des usagers et riverains du stade. Le tollé des riverains a été tel que la (...) -
Goutte d’Or
ICI Barbès : le grand retournement
Nadia DjabaliAnne Hidalgo a décidé de réévaluer le projet : la Ville de Paris ne construira pas le bâtiment. La nouvelle est tombée fin août. L’Institut des (...) -
La vie du 18e
Toilettes publiques : onze femmes en colère [Article complet]
Nadia DjabaliElles se battent pour retrouver leur emploi, perdu lors du changement de société en charge de l’exploitation de ces édicules. Elles s’appellent (...) -
La vie du 18e
Budget participatif : à vous de choisir parmi les soixante projets du 18e
Nadia DjabaliTous aux urnes du 10 au 20 septembre pour choisir les projets éligibles au budget participatif. Des urnes sont prévues dans les quartiers du 18e, (...) -
Le dossier du mois : Finies les vacances, c’est la rentrée
Un repas à la cantine
Gilles JeudyRéactions mitigées au menu du jour : le système des plats refroidis puis réchauffés altère les saveurs. J’ai eu l’occasion de prendre un repas à la (...) -
Le dossier du mois : Finies les vacances, c’est la rentrée
Les apprentis journalistes du collège Maurice Utrillo
Marie BerthoméDepuis trois ans, une heure de « classe médias » s’ajoute à l’emploi du temps des élèves du collège Maurice Utrillo. L’objectif : comprendre la (...)