De la théâtralisation des vitrines à la mise en scène, elle a choisi de vivre sa passion malgré les difficultés rencontrées par les jeunes compagnies.
On est prête, on est prête… on inspire, on expire, on inspire, on expire… » sont les premiers mots de la rafraîchissante pièce de Jonas Hassen Khemiri, Nous qui sommes cent. À l’affiche de la Manufacture des Abbesses jusqu’au 16 mars, elle est montée par le Collectif Les Intrépides : Caroline Monnier, Isabelle Seleskovitch et Laura Perrotte, qui en assure aussi la mise en scène. Ces mots pourraient illustrer le jour de l’année 2014 où cette dernière décida de sauter le pas et de changer de vie.
Si, dans la pièce, il s’agit de se préparer au grand saut dans l’au-delà, hésiter puis finalement renoncer, Laura Perrotte n’a pas fléchi ; elle a abandonné son statut de cadre dans une grande enseigne de prêt-à-porter pour se consacrer entièrement au théâtre. Le rêve d’enfant, devenir comédienne, et pas seulement en amatrice, s’est enfin réalisé. Un stage à l’Atelier-Théâtre Blanche Salant, cadeau offert à l’occasion de son 35e anniversaire, en fut le déclencheur. « Lors du tour de table où il s’agit de se présenter, j’ai eu soudain la certitude d’avoir trouvé ma place. »
Le magasin espace de création
Suivront trois ans de cours, toujours dans ce centre de formation, complétés par des stages de mime, danse contemporaine et de travail de la voix avant son basculement définitif du monde de l’entreprise et du merchandising vers celui du spectacle. Paradoxalement, Laura Perrotte considère davantage le passage de l’un à l’autre comme une sorte de continuité plutôt qu’une rupture brutale. « Théâtraliser des vitrines, coiffer et mettre en scène des mannequins, c’est toujours créer une dynamique, susciter une envie. Encadrer une équipe et emporter son adhésion ou diriger des comédiens et créer collectivement ne peut se faire sans le respect de l’autre. La créativité, les gens te l’offrent comme un cadeau. »
Comment en est-elle arrivée là ? Pendant des études d’arts plastiques, orientée sculpture, à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, elle est vendeuse en magasin avant de se diriger vers le métier d’étalagiste. Deux ans de spécialisation en « scénographie de produit » viennent compléter son apprentissage du métier. Aux Galeries Lafayette, durant deux ans et demi, elle participe aux décorations des vitrines, en particulier lors des expositions et des périodes de Noël. « Le magasin offrait la possibilité de véritables espaces de création ».
Le désir de devenir comédienne ne l’a pas lâchée pour autant, elle pratique le théâtre en amateur depuis ses 17 ans. Mais, après l’âge de 25 ans, les concours aux écoles publiques de théâtre sont fermés et les écoles privées coûtent cher. Embauchée ensuite chez Celio, elle évolue au sein de l’entreprise pendant dix années avant de renoncer à une carrière qui semblait pourtant toute tracée ... (Lire la suite dans le numéro de mars 2016)
Photo : © DR
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