Journal d’informations locales

Le 18e du mois

mars 2016 / Histoire

Les années montmartroises d’Erik Satie

par Valeria Nicoletti

Le compositeur fantasque et fauché a longtemps promené sa silhouette étrange sur les pentes de la Butte, y rencontrant les artistes du quartier et son grand amour, Suzanne Valadon.

C’est barbe hirsute et cheveux longs en bataille que j’enfilai ma chemise en pilou puis allai ouvrir à contrecœur. » Le jour frappe à la porte de Monsieur Satie. Il a la tête grogneuse de son propriétaire, qui vient chercher le loyer. Erik Satie se réveille du fond de son logement montmartrois, à Paris, ville dont il jugeait l’air tellement mauvais qu’il conseillait de le faire bouillir avant de le respirer. Erik Satie, « né trop jeune dans un monde trop vieux », un monde qui était « trop harmonique » pour accepter sa musique décapante, ses compositions atonales, ses bémols audacieux.
« Monsieur le pauvre » le jour, « gymnopédiste » la nuit, né à Honfleur en 1866, il quitte la Normandie à 12 ans. Il mourra à Arcueil, dans la pauvreté extrême d’un logement populaire, oublié par le monde entier. Mais c’est à Montmartre, tout en haut de la butte, que son histoire de musicien commence, que son cœur frissonne, que sa réputation de « phonométrographe » se bâtit. C’est aux alentours de la place du Tertre, où « il y a toujours deux êtres qui s’adorent, un peintre qui travaille et un poète qui rêve », qu’il se fait connaître comme « Esotérik Satie », ou tout simplement Erik, « avec un k comme viking », précisait-il.

Un placard rue Cortot

Après un court passage rue Condorcet, en 1896 Satie s’installe définitivement au 6 de la rue Cortot, une petite allée qui monte, où il trouve son chez lui et invente son monde de rêveries. D’après lui, sa chambre montmartroise lui offre une vue qui va jusqu’à la frontière belge. Malheureusement, il sera obligé de louer un réduit au rez-de-chaussée par manque d’argent, un logement où il arrive à peine à tenir couché, son petit « placard » de la rue Cortot, centre de sa vie artistique, spirituelle et amoureuse. Suzanne Valadon, sa maîtresse, habitait à quelques pas de chez lui. Au pied des marches de la rue du Mont Cenis, la maison d’Hector Berlioz, où il a composé son Benvenuto Cellini.
Aujourd’hui, dans la rue Cortot se trouve le Musée de Montmartre, qui expose les huiles et le croquis de son amoureuse, les affiches du cabaret Le Chat Noir où Satie travaillait, les tableaux de ses amis peintres, quelques uns de ses portraits ... (Lire la suite dans le numéro de mars 2016)


Photo : © DR

Dans le même numéro (mars 2016)

n° 331

novembre 2024