Journal d’informations locales

Le 18e du mois

septembre 2024 / La vie du 18e

Léa Balage, premiers pas à l’Assemblée

par Danielle Fournier

Adjointe au maire du 18e (1), Léa Balage El Mariky a été élue députée de la 3e circonscription lors des législatives anticipées de juillet sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Elle a fait ses premiers pas à l’Assemblée nationale.

« Je suis fière de mes origines, annonce avec un grand sourire Léa Balage El Mariky, candidate aux législatives pour la deuxième fois dans la 3e circonscription de Paris, lors de son meeting de deuxième tour. Balage c’est le Limousin, la Résistance et El Mariky, le Maroc, la persévérance ». Quelques jours après avoir battu Stanislas Guerini, l’ex ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, la voici qui fait son entrée au Palais Bourbon. Un lieu moins impressionnant pour elle que pour d’autres nouveaux : elle y était déjà venue, avec Noël Mamère, qu’elle connaissait depuis Bègles, où elle a grandi et qui lui avait fait visiter les lieux avant qu’elle ne devienne plus tard sa collaboratrice à temps partiel, lors de son master à Sciences-Po Paris.

Vent debout contre le RN

Le premier jour, elle décrit une « ambiance de rentrée des classes dans la joie et l’énergie de la découverte ». Le personnel, « très bienveillant », accueille chaque parlementaire dès qu’il franchit le porche et lui indique le parcours en plusieurs étapes pour les différentes inscriptions, la photo officielle, le badge, le bureau, etc. C’est là qu’elle choisit de ne pas sourire - elle qui est d’un naturel enjoué - à tous les nouveaux. « Parmi ces gens avec qui je vais travailler, un tiers ont des idées que je combats », explique celle qui refusera de serrer la main du député Rassemblement national qui était devant l’urne lors de l’élection de la présidente de l’Assemblée nationale. Aussi, c’est avec plaisir qu’elle se dirige vers la première réunion du groupe écologiste et social, à l’issue de laquelle elle a été nommée à la commission des lois (celle qui prépare les textes législatifs) et élue porte-parole du groupe. Deux casquettes qui ressemblent à un exercice d’équilibre et où il faut savoir garder la tête froide, éviter les polémiques et agir dans l’intérêt du groupe.

Très tôt, la native d’Évry a « eu à cœur de représenter les gens » et d’être « utile ». Un adjectif qui revient souvent dans la bouche de cette récente maman de 34 ans qui sait qu’il lui faudra être encore plus organisée. « Je n’ai pas envie de perdre du temps dans des trucs qui n’ont pas d’utilité pour les autres, annonce-t-elle. Des réunions pour des réunions, non ! »

Aussi bien le local que le global

En poursuivant son tour de l’Assemblée, elle apprend au bureau des transports qu’elle pourra bénéficier d’une carte Navigo, du demi-tarif sur les trajets en train et qu’elle aura droit à six voyages hors circonscription … en avion, un comble pour une élue écolo ! « Je me suis promis de ne pas perdre pied par rapport aux avantages qui nous sont donnés, dit-elle dans un grand éclat de rire. Je ne veux pas que mon retour à la « vie civile » soit impossible parce que je ne saurais pas vivre autrement ! »

Aussi, elle s’est déjà mise au travail et a posé une question prioritaire de constitutionnalité, à la suite du vote des députés-ministres. Elle pense que nos institutions ne sont pas prêtes, si l’extrême-droite arrivait au pouvoir, à une alternance dans l’autre sens. Elle évoque la difficulté à reconstruire les droits perdus, en témoigne la lutte pour l’IVG dans certains pays.

Alors, si tous les sujets autour de la démocratie participative et de la constitution la passionnent, elle n’oublie pas sa circonscription qu’elle a arpentée en tous sens lors de cette campagne législative au cours de laquelle « des liens forts se sont noués avec des centaines de personnes ». Selon son suppléant Pierre-Yvain Arnaud, « elle sait utiliser ses expériences de vie et de travail pour trouver un point d’accroche et sortir des discours préfabriqués », sans oublier que « c’est une personne militante qui va au front et sait parler à tous pour convaincre ».

On l’aura compris, le local et le global, sans les séparer, l’intéressent. D’ailleurs, avant même de travailler à l’été 2021 pour l’ONG Singa, qui a pour objet l’intégration des personnes réfugiées et migrantes, elle a réussi à faire sortir des Afghans de l’aéroport de Kaboul, en lien avec l’administration française. Maintenant, la nouvelle députée souhaite s’attaquer au problème des enfants à la rue. Être « utile » toujours ! •

Photo : Thierry Nectoux

Dans le même numéro (septembre 2024)

  • Au sommaire

    Le 18e du mois fait sa rentrée

    Halle Saint-Pierre : soutenir un joyau culturel. Cabarets disparus, voyage dans l'au-delà. Guillaume Huart recompose le passé de son immeuble. Handicap à l'école : des projets inclusifs. Léa Balage, premiers pas à l'Assemblée.
  • La vie du 18e

    Handicap à l’école, des projets inclusifs

    Dominique Boutel
    Fin d’année emblématique de l’esprit qui règne à l’école Guadeloupe, classée REP : début juillet, dans le préau aménagé en salle de spectacle, les enfants qui forment le public viennent s’installer dans un brouhaha joyeux mais contenu.
  • Clignancourt - Jules Joffrin

    Guillaume Huart recompose le passé de son immeuble

    Sandra Mignot
    À la recherche du passé, Guillaume Huart plonge depuis quatre ans dans l’histoire de sa résidence de la rue Ramey. Il dresse les portraits plus ou moins fournis des habitants qui s’y sont succédé dans une minutieuse enquête.
  • Montmartre

    HALLE SAINT-PIERRE : SOUTENIR UN JOYAU CULTUREL

    Béatrice Dunner
    Alors qu’elle rayonne sur la région, le pays, et même l’étranger, la Halle Saint-Pierre connaît depuis cinq ans quelques remous, notamment d’ordre financier. Heureusement, elle se cramponne encore farouchement aux pentes de la Butte.
  • Histoire

    Cabarets disparus, voyages dans l’au-delà

    Béatrice Dunner
    Le quartier Montmartre a connu une période complètement folle, entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe. Témoins de la fantaisie, de l’imagination et de la liberté de l’époque, trois cabarets invitaient les clients à pousser les portes de l’au-delà. Une provocation réprouvée qui attirera pourtant beaucoup de monde pendant plus de cinquante ans.
  • Les Gens

    Jammeur local

    Gibert Kallenborn
    Arrivé en France il y a une dizaine d’années, Ameth Sissokho fait vivre dans la Goutte d’Or les traditions musicales de sa famille et de son pays d’origine, le Sénégal. Fils de griots, il attache aussi une importance particulière à la médiation sociale.

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