« Le temps où la ville s’organisait exclusivement autour de la voiture individuelle, bruyante, polluante, est révolu », a déclaré lors du Conseil de Paris du 6 juillet, la maire, Anne Hidalgo (PS), souvent accusée par l’opposition de vouloir « éradiquer » les voitures des rues de la « Ville lumière ». Elle a présenté un texte conçu « pour repenser et clarifier les règles de partage de l’espace public parisien en protégeant en priorité les piétons, particulièrement vulnérables ».
Ce code est pourtant on ne peut plus évident (lire encadré) et quasi tout entier contenu dans l’actuel Code de la route. Dans les faits, dès septembre 2023, la police municipale sera « mobilisée pour expliquer le Code de la rue aux abords des écoles » et des « réunions publiques locales de présentation seront organisées ».
« La police sera mobilisée pour prévenir les incivilités et sanctionner en cas de manquements et d’infractions », explique Antoine Dupont l’adjoint (EELV) au maire du 18e arrondissement, en charge des mobilités, de la voirie et de la transformation de l’espace public. Une « tolérance zéro » est annoncée pour les infractions sur les trottoirs : stationnement, circulation, terrasses non autorisées... La police municipale doublera les capacités de son unité de vidéo verbalisation et équipera ses agents de jumelles radars pour lutter contre la vitesse excessive et de sonomètres pour contrôler le bruit routier, notamment l’usage abusif des klaxons. La Ville affiche aussi sa volonté de « lutter contre le stationnement sauvage ».
Tout un projet urbain
Dans les mois à venir, des expérimentations seront lancées : peinture de couleur au sol, éclairage coloré au niveau des passages piétons, feux avec décompte de temps pour informer du délai restant aux piétons pour traverser… Car le Code de la rue est surtout intégré dans un projet urbain inspiré de ce que fait déjà la Belgique depuis 2003. Antoine Dupont explique : « En dix ans, la circulation automobile a diminué de 40 %, la pollution de 45 %, grâce aux efforts de la Mairie. Bientôt nous aurons, à Paris, plus de 1 120 kilomètres de pistes cyclables contre 200 en 2001. Nous aménageons de plus en plus d’espaces pour les piétons grâce aux élargissements de trottoirs et aux interventions de la police municipale contre ceux qui les squattent. » Et de citer les exemples du carrefour Ordener/Marx Dormoy ou de la rue du Poteau « où il y a des étals sur les trottoirs » ainsi qu’au carrefour Joseph de Maistre/Damrémont et place Jules Joffrin. « « L’objectif de la Ville est de réduire la place de la voiture et notamment des 4 x 4, polluants et dangereux en raison de leur poids », souligne Antoine Dupont qui note par ailleurs « que les voitures à Paris ne transportent qu’1,1 passager par véhicule et qu’à Montmartre seuls 15 % des foyers possèdent un véhicule ».
Concrètement, le programme qui accompagne le Code de la rue prévoit également « une accélération » des projets de piétonnisation des rues proches des écoles. « Plus de deux cents abords d’établissements scolaires ont déjà été fermés à la circulation et l’objectif de trois cents rues aux écoles piétonnisées est inscrit dans la mandature », observe l’adjoint.
Par ailleurs, afin de faciliter l’accessibilité de Paris « 100 % des lignes de bus seront rendues accessibles aux personnes à mobilité réduite courant 2024 », assure Antoine Dupont. Côté cyclistes, la Ville a mis en œuvre un Plan vélo 2021/ 2026 d’un budget de plus de 250 millions d’investissements. Il prévoit la construction de 180 km de nouvelles pistes sécurisées et la construction de 30 000 nouvelles places en arceaux sur l’espace public, dont 1 000 réservées aux vélos-cargos.
L’association 60 Millions de piétons se félicite que « la Ville de Paris ait annoncé mieux encadrer la circulation des vélos qui sont devenus la hantise des piétons. L’objectif affiché est bien la facilitation de la marche par la sanctuarisation des trottoirs et la sécurisation des traversées piétonnes. Les intentions sont là, c’est indéniable. Nous serons vigilants pour que les actions suivent rapidement. »