Depuis trente ans, elles forment un « tandem artistique à quatre mains et deux têtes », qui accroche des anges dans le 18e et ailleurs et aime travailler sur rue pour inviter les passants à regarder et partager.
« On est des artistes de proximité », s’amusent les deux sculpteures. C’est d’ailleurs écrit, en bleu, sur la porte de leur atelier au 50 rue Labat. « Un clin d’oeil au moment où nos voisins du commissariat Clignancourt se sont dit police de proximité » ajoutent-elles. Finalement pas tant « provoc » que ça, ce terme de « proximité » pour le duo qui aime travailler sur rue, permettre aux passants de les regarder faire, d’oser entrer, se renseigner, admirer aussi.
Kitchries et recyclettes
Les grandes pièces en bronze, métal ou bois, figures tutélaires ou contemporaines, allégories de femmes ou déesses, veillent les sculptures plus petites, « les kitchries », comme les appellent leurs créatrices, et « les recyclettes » qui ne volent pas leur nom, faites de matériaux glanés çà et là et de l’ingéniosité d’Ange et Dam. « Un tandem artistique à quatre mains et deux têtes ; deux compétences qui se complètent », précise Ange, à moins que ce soit Dam. « L’une soude, l’autre découpe le métal ; l’une travaille dans “le bordel”, l’autre aime ranger ; l’une fait le site internet, l’autre répond au téléphone… et ça fait plus de trente ans que cela dure ! » Elles se sont rencontrées à l’École des beauxarts de Paris en 1982, dans l’atelier du sculpteur Michel Charpentier. Elles avaient les mêmes envies, les mêmes techniques. Alors, diplôme en poche, elles se sont mises à travailler ensemble. « On a démarré notre vie professionnelle en faisant des décors pour la télé. Une époque formidable : ils nous ont appris des tas de choses, les techniciens de l’atelier de sculpture de la SFP (Société française de production), notamment le travail du polystyrène, qui nous est resté dans la fabrication de nos anges. Ces êtres ailés à la fois humains et surnaturels existant dans toutes les civilisations, on se les est réappropriés, les faisant noirs, blancs, orange ou bleus. »
La jubilation de créer
Puis elles ont commencé à créer ensemble dans leur atelier, à Vincennes rue Saint-Maur, entre au - tres lieux, avant d’arriver dans le 18e. « En 1986, on se dit qu’il nous faut un nom pour notre oeuvre commune », reprennent Blandine et Marika : tels sont les prénoms à la ville de nos artistes. « Marika et Blandine ou inversement, ça ne nous plaisait pas, il y avait à l’époque Gilbert et Georges, puis Pierre et Gilles. Alors Ange, parce qu’on a toujours créé des anges… et son contraire en quelque sorte, Damnation. » Elles ont été Ange et Damnation jusqu’en 2012, puis ont supprimé la « nation », comme elles disent, pour s’alléger et voler plus haut.... (Lire la suite dans le numéro de juin 2016)
Photo : © Christian Adnin
Dans le même numéro (juin 2016)
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