Des électrosensibles souffrent de la multiplication des antennes de téléphonie dans le 18e. Celles-ci suscitent de plus en plus d’opposition chez les riverains et de soupçons chez les chercheurs.
Evelyne dit qu’elle est devenue électrosensible en 2007, lorsqu’elle habitait au 6e étage, rue de Clignancourt, en face de la BNP. Cet été-là, les six antennes sur le toit ont été modifiées et tournées vers son appartement. A son retour, elle a aussitôt « ressenti des vertiges, nausées, un étau autour de la tête, une apathie générale ». Elle se réfugie chez un ami et constate alors un léger mieux. Mais au retour chez elle, impossible d’arriver à son étage tant l’effet d’étau est violent et immédiat. En plus de la souffrance physique, elle raconte sa souffrance morale face aux amis, à la famille, aux relations qui pensent qu’elle est « zinzin ». Pendant un an, elle trouve refuge chez les uns et les autres, consulte les médecins, pensant à une allergie. Le médecin du travail essaye de la convaincre que c’est une dépression. Classique ! Et c’est une voisine qui lui expliquera incidemment qu’on a monté du matériel sur le toit. Elle prend alors contact avec Robin des toits. C’est l’association qui prononcera pour la première fois le mot « électrosensible », l’orientera sur une association qui regroupe ceux du 18e, rue Nicolet, et la mettra en contact avec des médecins plus informés. Elle a déménagé et choisi un appartement de fond de cour. Elle a « mis des rideaux écrans aux ondes, en fil d’argent et cuivre, repeint avec des peintures spéciales » et elle prend un traitement. Chez elle, téléphone et ordinateur sont connectés avec un fil. Mais la vie n’est pas facile : elle a dû abandonner son travail, ne va plus au cinéma, au théâtre, dans le métro, tous les endroits où les ondes pulsées sont concentrées et où se regroupent les gens et la vie sociale. Finalement elle a décidé de vendre son nouvel appartement pour aller vivre dans la Creuse. Elle cherche une maison isolée, loin du 18e qu’elle aime et où elle vit depuis longtemps.
Une maladie non reconnue
Et vous, serez-vous électro-hypersensible (EHS) un jour ? Il y a 20 ans, on ne parlait pas de cette pathologie. Et pour cause : son développement est lié à celui des « technologies qui utilisent les micro-ondes ou hyperfréquences pulsées en extrêmement basses fréquences ». C’est le cas de la téléphonie mobile, du wifi. En milieu urbain, nous sommes largement « arrosés ». Mais cette intolérance n’est pas encore reconnue comme maladie. Les douleurs dont se plaignent les électrosensibles sont variées mais migraines, problèmes digestifs, fatigue chronique ne vont pas forcément être identifiés comme les symptômes de la maladie. Celle-ci peut s’aggraver jusqu’à rendre la vie impossible à proximité des lieux d’émission avec « déficit de mémoire immédiate, de concentration, désorientation spatio-temporelle ». Une étude, publiée par l’Inserm de Bordeaux en mai 2014, montre que « l’utilisation massive du téléphone portable, supérieure ou égale à 896 heures d’appels dans une vie, serait associée au développement de tumeurs cérébrales. » Alors faites vos comptes et regardez combien d’heures vous avez téléphoné le mois dernier ! Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), les Français téléphonent en moyenne trois heures et quatre minutes par mois, et il faut prendre en compte le nombre d’années d’exposition.... (Lire la suite dans le numéro de juin 2016)
Illustration : © Baudry
Dans le même numéro (juin 2016)
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