La Halle Saint-Pierre propose deux nouvelles expositions qui revisitent, chacune à sa façon, la question de l’artiste et de l’œuvre d’art.
Comme à chaque fois, les expositions proposées par la Halle Saint-Pierre surprennent, étonnent, dérangent, éblouissent. En ce début de saison, elles se répondent et se complètent.
Aux frontières de l’art brut, au rez-de-chaussée, permet de découvrir ou de retrouver ces artistes situés aux limites indéfinissables de la création, amateurs géniaux, obsessionnels qui donnent sens à leur vie par la réalisation d’œuvres inclassables. Quinze artistes pour la plupart autodidactes, éloignés des circuits traditionnels de diffusion, s’y côtoient. Aussi bien les étonnantes sculptures du couple Ghyslaine et Sylvain Staëlens qui travaille à quatre mains, que celles hérissées de pointes du boulanger japonais Shinichi Sawada. Ou encore les origamis de feuilles de chênes de Yoshiro Watanabe, les espaces fourmillant d’objets en miniature de Rona-Jim Sevellec, ainsi que les dessins descriptifs de Mohamed Babahoum, les peintures sur bois aux couleurs vives de Roger Lorance ou les céramiques religieuses de Pierre Amourette. Quant à Etty Buzyn, elle entrelace les traits et les mots, ceux de ses patients dont elle trace au gré de son écoute, un écho graphique. Tous ont en commun une indéniable poésie, une façon inhabituelle de traduire le vivant ou le mort.
Un savoir-faire ancestral
Tout aussi passionnante pour l’originalité des œuvres présentées, l’exposition Hey !Céramique.s poursuit, pour la sixième fois, la collaboration entre la Halle Saint-Pierre et le média Hey ! consacré à l’art moderne et à la pop culture. Elle réhabilite cette fois-ci un savoir-faire ancestral, trop souvent relié à l’artisanat plutôt qu’à l’art, la céramique.
La présentation décline ce matériau moins commun à l’art brut et fait apparaître, au détour des salles du premier étage de la Halle, créatures hybrides, personnages fantastiques, masques, monstres de terre et de feu qui témoignent de la fertilité imaginative de leurs auteurs. L’exposition fait valoir toute la plasticité du médium, la multiplicité des idées que suggèrent le support et son utilisation. Des jeunes filles en verre éclairées de l’intérieur de l’américaine Christina Bothwell, aux créatures hybrides habitant l’univers du nordique Kim Simmonsson ou de la sculptrice Maria Guilbert, les têtes déformée de Lydia Kostaneck (œuvre de l’affiche), celles de l’américain Calvin Ma (ci-dessus), c’est la nature même de l’humain, son genre, ses représentations … que questionnent la plupart des œuvres exposées ici pour la première fois en Europe
Gabriel AUDEBERT Le carnaval de la vie