Psychologue dans le civil, Trickster publie le tome 1 de son tout premier manga : MechaXMendy. Rencontre avec un passionné autodidacte.
Véritable phénomène de société, le manga fait maintenant partie du patrimoine culturel français. Et si le marché est encore trusté par les Japonais, les auteurs français sont de plus en plus nombreux à se faire éditer. Parmi eux, un habitant du 18e répondant au nom de plume Trickster (fripon ou farceur). À 32 ans, il sort son tout premier manga, MechaXMendy, ou l’histoire de deux cyborgs qui font tout pour dissimuler leur identité. Cette histoire, qui interroge notre rapport aux technologies, trouve sa source dans la profession de son auteur, psychologue. Un métier qui ne l’a pas empêché, au contraire, d’accoucher d’un premier tome qui n’a rien à envier aux spécialistes du genre.
Le fond de la classe comme atelier
Comme d’autres avant lui, Trickster, originaire du Val-de-Marne, a commencé à dessiner sur les bancs de l’école. En primaire, il griffonne ses premières planches en imitant un camarade, tandis qu’au collège, c’est du fond de la classe qu’il noircit ses cahiers. « Je m’ennuyais en cours donc je dessinais énormément, rembobine celui qui réalisera au lycée des fanfictions* du célèbre manga japonais Naruto. Puis en école de psycho, alors qu’il truste encore les places du fond, sa pratique du dessin s’intensifie. »On a commencé à entendre parler des auteurs français et certains se sont mis à publier des vidéos sur Youtube et Twitch, ce qui m’a permis de voir comment un professionnel travaillait, explique-t-il. J’ai commencé à les singer, en achetant les mêmes feuilles, la même encre, et les mêmes plumes."
Humains vs machines
Depuis, en parallèle de son métier – qu’il pratique en cabinet dans le 18e mais aussi sur une ligne d’écoute dédiée aux jeunes –, Trickster a trouvé sa patte et son univers à lui. Avec MechaXMendy, il a opté pour une histoire où humains et cyborgs s’affrontent. Un thème né à Montréal en 2017 et qui est lié à son métier. « Là-bas, j’ai travaillé avec un gars qui développait une intelligence artificielle à qui tu parlais pour soulager ton anxiété. C’est après ça que j’ai voulu interroger la frontière entre l’humain et la machine. Adopter le point de vue des cyborgs, qui sont mi-humains mi-robots, était un excellent moyen pour ça. »
Un thème qui a plu aux lecteurs de Kippon Dream, une maison d’édition associative spécialisée dans le manga français. Avec Trickster, installé dans le 18e depuis 2019, elle a lancé en mai dernier une campagne de financement participatif qui a réuni 91 contributeurs et plus de 4 000 €. Suffisant pour imprimer 1 000 exemplaires du tome 1 de MechaXMendy, qui devrait être suivi de quatre autres, même si son auteur sait que cela en fera sans doute le double. Qu’importe, puisqu’il a pour objectif à la rentrée 2024 de diviser son activité professionnelle en deux : d’un côté psychologue, de l’autre mangaka.