juillet-août 2016 / Histoire
De l’éducation des filles à la Commune de Paris, la vie de Louise Michel s’ancrait à Montmartre
Institutrice et révolutionnaire, elle consacra sa vie entière aux luttes sociales et à l’émancipation des femmes.
Vers la fin de l’Empire, j’habitais avec ma mère une petite demeure gaie et proprette où j’avais installé mon école. Je ne tardai pas à avoir beaucoup d’élèves. J’aimais ces enfants de Montmartre, gentilles et franches, espiègles et bavardes comme de jeunes oiseaux… » C’est Louise Michel, la fière communarde, que l’on peut entendre parler, au début de la rue Becquerel, à quelques pas du Sacré-Cœur. Une petite maison qui, par hasard, est entourée de crèches et d’écoles, fait face aux marches de la rue du Mont-Cenis. Louise Michel en avait fait son quartier général, son instrument principal de lutte, une école, pour sortir les jeunes filles de la cage domestique où des siècles de régime patriarcal les avaient enfermées.
Une cage à laquelle elle avait réussi à échapper grâce à la bibliothèque familiale. À l’âge de dix ans, après avoir lu Rousseau, Hugo, Lamartine et les textes philosophiques de sa maison d’enfance, la petite Louise disait avoir déjà traversé tous les changements de la pensée, jusqu’à l’anarchie. D’ailleurs, si à 13 ans elle refusait les demandes en mariage, c’était avec des citations effrontées tirées de Molière.
D’école en école
Née à Vroncourt-la-Côte, dans la Haute-Marne, le 29 mai 1830, pendant que son futur maître Auguste Blanqui se battait sur les barricades à Paris, Louise Michel passe son enfance heureuse entre les chevreuils et les crapauds, en plein air. Un isolement qui ne l’empêche pas de remarquer les injustices sociales qui l’entourent. Chez elle, l’éducation des filles est bien différente de celle donnée aux garçons, mais Louise refuse de rester enfermée dans la cuisine et passe son temps dehors et parmi les livres, en traçant son propre chemin : « Je m’en vais sans crainte dans l’espace, écrira-t-elle, si dans le grand désert nul voyageur ne passe, qu’importe ! J’irai seule à la voix du destin. »
Pour ne pas prêter serment à l’Empire, Louise Michel ne travaille que dans des écoles libres. Elle ouvre sa première école à Audeloncourt, une petite classe où on chantait La Marseillaise au début et à la fin des cours, et une autre école à Millières, avec son amie Julie Longchamp, qui deviendra ensuite sa compagne pendant la Commune. Une fois à Paris, Montmartre l’accueille rue Houdon, près des Abbesses, dans sa première école parisienne. C’est à Paris, où elle s’installe définitivement en 1856, que Louise Michel découvre sa vocation : la lutte et la propagande républicaine... (Lire la suite dans le numéro de juillet-août 2016)
Photo : © DR