L’inconnu qui habite le dernier étage.
Pierre Richard s’illustre dans un seul en scène où l’image et la gestuelle remplacent la parole.
Monsieur X pourrait être l’un de ces vieux habitants de la Butte ou d’ailleurs. L’homme vit seul dans les hauteurs de son immeuble donnant directement sur le ciel. Mais son intérieur est mystérieusement animé par son imaginaire, ses souvenirs, son activité artistique, voire quelques voisins peu discrets. Le spectateur l’accompagne au fil d’une journée ordinaire, du lever au coucher puis au lever suivant.
Dans ce rôle muet, seul en scène, Pierre Richard est étonnant de vivacité. Drôle, émouvant, romantique, vivant. Ce n’est plus l’étourdi François Perrin du Grand blond (1972), ni le maladroit ou parfois simplet papa des Fugitifs (1986). Mais il lui reste bien sûr quelques traces du Distrait (1970), le premier film qu’il a réalisé et la fougue de l’Antoine qu’il a campé dans Les Vieux Fourneaux (2017).
Cette carrière cinématographique et le personnage unique construit au fil des rôles ont inspiré Mathilda May pour la création – sur-mesure – de ce spectacle. La comédienne est devenue depuis quelques années experte en matière de théâtre visuel via ses pièces Open Space et Le Banquet. Pas étonnant alors que le comédien soit ainsi magnifié, avec sa gestuelle reconnaissable entre mille.
Enfin, Monsieur X ce n’est pas qu’un comédien sur scène. C’est aussi un décor qui s’anime comme par magie grâce aux apports de la vidéo, au travail du son et à la musique, essentielle, composée par Ibrahim Maalouf. Et une mise en place au millimètre. Tout ce qu’il faut pour concevoir une narration poétique, burlesque et surprenante. S.M.
Jusqu’au 8 mars, avec Pierre Richard, écrit et mis en scène par Mathilda May, au théâtre de l’Atelier, place Charles Dullin, métro Anvers, à 19 h du mardi au samedi, à 15 h le dimanche.
photo : Pauline Maillet