En 1955 il y avait 32 cinémas dans le 18e et 29 en 1965. Il y en avait encore 16 en 1985. Aujourd’hui ne subsiste que le Studio 28 et le Wepler.
Tous nos cinémas n’ont pas disparu sous les coups des bulldozers ou des transformations mercantiles. Il reste, rue Tholozé, le vétéran, le Studio 28, qui tire son nom de son année de naissance, et place Clichy les huit salles du Pathé-Wepler (qui s’appelèrent autrefois Paris-Soir Clichy et Select-Pathé). Plusieurs autres ont survécu comme salles de spectacle, à l’exemple de la Cigale, du Trianon, ou du Divan du monde qui occupe la salle où vécut le cinéma Amsterdam-Pigalle. Hélas, tous les temples de l’image n’ont pas eu ce destin ! La plupart ont été détruits.
Drôles de transformations
Au lieu des salles aux noms évocateurs de luxe et de rêve, le Marcadet-palace, l’Ordener-Palace, le Fantasia (boulevard Barbès), le Palais-Rochechouart, le Montréal (rue Marx Dormoy), le Capitole (place de La Chapelle), se dressent des immeubles modernes sans charme dont les rez-de-chaussée sont occupés par des boutiques. Qui reconnaîtrait, à la place du Castorama de la place Clichy, le Gaumont-Palace qui fut à un moment la plus grande salle de cinéma du monde ? Qui imaginerait un écran derrière le Frio rue Marcadet, l’Edi rue Ordener, le Codec boulevard Ornano ou le Franprix rue de La Chapelle ? Chaque quartier, presque chaque rue avait sa salle et son public...
Parfois une enseigne désuète, comme au Clignancourt-Palace (78 boulevard Ornano), ou une façade, comme au 7 rue Marx Dormoy ou au 43 boulevard Ornano, rappelle la destination première du lieu. Au 34 boulevard Barbès, le magasin de chaussures Kata a eu la jolie idée de conserver à l’intérieur la scène de l’ex-Barbès-Palace.
Sur le bd de Clichy, qui a compté jusqu’à dix salles, les cinémas aux noms de voyage, Colorado, Mexico, Agora sont réservées à la présentation et à la vente de cassettes X. Autre lieu, autre destin, unique en son genre celui-là : un des rares cinémas de la Goutte d’Or, le Myrha Palace, est devenu l’Église du Nazaréen, en gardant le balcon d’origine et la façade plate du cinéma.
Pour les fans de vieilles salles, il y en a encore une qui cherche une nouvelle vie : le Ritz, 8 boulevard de Clichy, qui projetait il n’y a pas si longtemps encore des films de karaté, affiche tristement 750 m2 à vendre. Avis aux amateurs !
Photo : Noël Monier
Article initialement paru en novembre 1996