Zalea TV, station associative, a décidé de braver l’interdiction du CSA et a repris ses émissions.
À la lisière orientale du 18e, rue d’Aubervilliers, se profile une zone de haute tension et de turbulence provoquée par l’installation de Zalea TV, qui fut la première télé associative nationale conventionnée par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), mais qui reste très peu conventionnelle et encore moins consensuelle.
S’il existait un ailleurs
Zalea TV se définit comme une télévision libre, citoyenne et engagée. Un média activiste offrant un espace de diffusion dédié aux oubliés des grandes chaînes, mais aussi aux amateurs, à tout ceux ayant quelque chose à dire ou à montrer mais qu’on invite poliment à aller se faire voir ailleurs.... Ce qu’ils feraient certainement si un ailleurs existait réellement.
Or, malgré la loi Trautmann de 1999 légalisant les télés libres, le CSA n’accorde que des autorisations de diffusion temporaire. Plutôt que de favoriser l’émergence d’un tiers secteur audiovisuel (TSA) citoyen et non marchand, ces autorisations en cassent l’énergie et la dynamique, tout en maintenant les promesses d’une pluralité télévisuelle, qui relève plus de la déclaration d’intention que de la réalité. Mai 2002, Zalea TV est réduite au silence par le CSA pendant six mois, pour cause d’élection présidentielle et de souci d’équité dans le traitement des candidatures à l’attribution de fréquences hertziennes et numériques. Télévision numérique terrestre (TNT) oblige.
Certains l’aiment show
Privés de diffusion à l’heure ou l’expression démocratique devrait s’enrichir d’une réelle pluralité des débats, Zalea TV et tout le TSA sont contraints de naviguer à vue. Malgré tout, ils ont décidé de passer outre l’interdiction et ont recommencé à émettre depuis le 6 avril (entre le canal 35 et le canal 36 de votre téléviseur).
Installée depuis six mois dans des locaux de la cour du Maroc, Zalea TV est contente d’être là. D’autres structures attirées par l’esprit des lieux ont également élu domicile ici, formant un véritable « pôle de médias alternatifs » luttant pour des médias voyants et pas voyeurs !
Photo : Noël Monier
Article paru initialement en mai 2002