Journal d’informations locales

Le 18e du mois

octobre 2015 / La vie du 18e

Quelques heures avec les pompiers rue Carpeaux [Article complet]

par Marie-Odile Fargier

Ils se relaient jour et nuit au centre de secours Montmartre, au service des habitants du 18e.

7h30 : Au centre de secours Montmartre, plus connu dans le quartier sous le nom de « caserne Carpeaux », les journées commencent tôt. Ou plus exactement elles s’enchaînent sans interruption au rythme des gardes de vingt-quatre heures assurées par les pompiers. Quelque 190 hommes et quatre femmes de la 9e compagnie d’incendie et de secours (CIS) de la Brigade de sapeurs pompiers de Paris se relaient sans interruption tout au long de l’année pour être toujours prêts à porter secours aux habitants du 18e arrondissement, d’une partie du 17e et de Saint-Ouen

Une organisation millimétrée

Chacun assure ainsi cent vingt gardes de vingt-quatre heures par an plus vingt journées de service. Et beaucoup viennent de loin : la majorité des pompiers de Paris sont et restent des provinciaux qui, entre deux gardes, retournent dans leur région où ils continuent souvent d’intervenir comme pompiers volontaires, soutenant les bénévoles grâce à leur savoir-faire de professionnel. À Paris, tous sont des militaires depuis la création par Napoléon, en 1811, du bataillon de sapeur-pompiers de Paris, devenu Brigade en 1967.
Dès 7 h 45, au cours d’un premier rassemblement, le chef de garde du jour donne ses instructions, indique à chacun son poste. Suit un rituel quotidien au cours duquel chaque pompier serre la main à tous les autres membres de la garde. Tous les lundis matin a ensuite lieu un second rassemblement, plus solennel, en tenue de feu, casque étincelant sur la tête : c’est la cérémonie des morts au feu. L’ambiance est grave. Le drapeau est levé. On chante l’hymne national, puis le nom de chaque mort est salué. Suit une minute de silence.

Trente interventions par jour

Aussitôt après, tous se mettent au travail : il faut vérifier le bon fonctionnement du matériel. La caserne dispose de trois véhicules incendie : l’un équipé d’une grande échelle de 24 m fixée sur le véhicule, et deux autres munis d’une échelle amovible de 5 à 15 m. Les joints et les systèmes de fixation des immenses tuyaux (200 et 400 m) sont vérifiés un à un ainsi que l’ensemble des équipements des quatre VSAV (véhicules de secours aux victimes). Chaque geste doit être répété chaque jour pour permettre d’être le plus rapide et le plus efficace possible sur le terrain.
Le seul centre de secours Montmartre effectue environ 11 000 interventions par an, soit plus de 30 par jour. Celles-ci concernent à 85 % des secours aux victimes et moins de 5 % des incendies. En une demi-heure ce matin-là, trois véhicules de secours ont déjà « décalé » selon l’expression en vigueur. Suite à la répartition des tâches du matin, chaque homme sait, d’après le type de sonnerie (un long, ou un long et plusieurs courts), vers quelle voiture se diriger et pour quel type d’action. « Si c’est un feu, on décale tous » souligne le capitaine Olivier Clerbout qui commande la 9e compagnie.

Un entraînement quotidien

Entre deux interventions, tous s’entraînent quotidiennement. Et d’abord au fameux test de la planche placée à l’entrée du gymnase à 2,40 m du sol. Il faut d’un bond s’y agripper puis, par une traction, se hisser pour poser les bras dessus. Dans la grande cour, une tour ouverte en forme de cage d’escalier sert aussi aux entraînements. Le groupe part ensuite courir sur les pentes de la Butte. Le métier exige une excellente forme physique. D’ailleurs les militaires du rang sont très jeunes : 24 ans en moyenne. En s’engageant, chacun a signé un contrat pour cinq ou six ans. Contrat renouvelable, et souvent renouvelé dans la limite de 25 ans d’activité, ou jusqu’à l’âge de 59 ans pour les officiers.
Pour tous, la caserne est non seulement un lieu de travail, mais aussi, en raison de la longueur des gardes, un lieu de vie. Dans les étages, ils disposent d’une salle à manger où le service s’adapte aux contraintes horaires des pompiers. Et aussi de salles de détentes, coin télé et, tout en haut, de chambres de garde pour prendre un peu de repos la nuit entre deux interventions. Car ici on ne dort jamais que d’un œil : quand retentit la sirène, il faut enfiler veste et bottes et rallier son véhicule en se laissant glisser d’étage en étage le long des perches. Sur la façade moderne dans la cour, à côté de Honneur et Patrie, on lit aussi Discipline et Dévouement.

Vous avez aimé cet article ? Soutenez Le 18e du mois en l’achetant en kiosque (2,50 € le numéro) ou en vous abonnant (à partir de 24 € pour 11 numéros par an).



Photo : © Joseph Banderet

Dans le même numéro (octobre 2015)

  • Le dossier du mois : comment acheter à la ferme quand on habite le 18e ?

    Recréer le lien producteur-consommateur, pour manger mieux et protéger la planète

    Nadia Djabali
    Ground Control accueillait, les 19 et 20 septembre, le premier salon parisien des circuits courts. Aux manettes de l’événement, intitulé De la (...)
  • Le dossier du mois : comment acheter à la ferme quand on habite le 18e ?

    La petite bande de Félix a « comté » sur lui

    Marie-Odile Fargier
    Pour ses amis et leurs amis, il rapporte des fromages de son Jura natal. « Ça alors ! ». Quand Félix, à son arrivée à Paris, a découvert les prix du (...)
  • Le dossier du mois : comment acheter à la ferme quand on habite le 18e ?

    De la Sicile à Paris, le court circuit d’une orange !

    Sylvie Chatelin
    Une association importe des produits frais d’Italie en circuit court. Une belle histoire d’amitié et d’engagement citoyen. L’association Corto, (...)
  • Le dossier du mois : comment acheter à la ferme quand on habite le 18e ?

    Les Louchébem : la viande du Perche en direct

    Stéphane Bardinet
    Cette Amap fait le lien entre deux éleveurs bio et des acheteurs de plusieurs arrondissements. Malgré les difficultés liées à la conservation et à (...)
  • Le dossier du mois : comment acheter à la ferme quand on habite le 18e ?

    Les coopératives alimentaires : des boutiques pas comme les autres

    Mehdi Boudarene
    Ces structures autogérées, ouvertes à leurs seuls adhérents, refusent les pratiques de la grande distribution. Depuis quelques années, des (...)
  • Le dossier du mois : comment acheter à la ferme quand on habite le 18e ?

    Les Amap, mode d’emploi

    Florianne Finet
    Sept associations mettent en relation directement les habitants du 18e avec des producteurs franciliens ou picards de légumes bio. Solidarité, (...)
  • La vie du 18e

    Vendanges, le programme de la fête

    COP21 oblige, cette année la Fête des vendanges rend hommage à la planète, du 7 au 11 octobre. L’actrice Mélanie Thierry et le chanteur Raphael, en (...)
  • La vie du 18e

    Réfugiés : après l’évacuation du camp de la mairie

    Céline Rossli
    Pendant quatorze jours, quelque trois cents réfugiés ont vécu dans un campement de fortune aux abords de la mairie du 18e arrondissement, place (...)
  • La vie du 18e

    Aquahomo, un club sportif LGBT dans le 18e

    Pierrick Yvon
    Sport confidentiel et exigeant, le water-polo est médiatiquement ignoré en France et limité par la rareté des infrastructures. Alors une équipe LGBT (...)
  • Goutte d’Or - Château Rouge

    ICI Barbès, l’abandon du projet fait des vagues

    Nadia Djabali
    La décision d’Anne Hidalgo d’abandonner la construction de l’ICI Barbès suscite des réactions indignées parmi les élus et la société civile. « À qui (...)
  • Simplon

    Un projet de 650 logements rue Ordener

    Brigitte Batonnier
    Dans le cadre du projet Paris-Nord-Est-Elargi démarre une opération d’urbanisme sur trois hectares libérés par la SNCF. Une opération qui devrait être (...)
  • La Chapelle

    Éole : « Rendez-nous notre esplanade »

    Nadia Djabali
    Vent debout contre la barrière autour de l’esplanade du Maroc, l’association des Jardins d’Eole a adressé un courrier indigné à Anne Hidalgo, maire de (...)

n° 331

novembre 2024