Journal d’informations locales

Le 18e du mois

avril 2025 / Culture

ART BRUT IRANIEN - UNE PREMIÈRE MONDIALE

par Dominique Boutel

Première mondiale pour la Halle Saint-Pierre qui réunit actuellement les travaux de vingt-quatre artistes iraniens, non reconnus dans leur pays. Dessins, peintures, œuvres textiles naviguent entre réel et imaginaire selon les codes de « l’art outsider ».

Il est assez fascinant de constater à quel point les questions soulevées par les artistes de l’art brut – interrogations essentielles sur la mort, le sexe, la religion, les mythologies – se retrouvent sous des formes proches dans des civilisations éloignées géographiquement ou culturellement. Pour preuve, les œuvres actuellement installées à la Halle Saint-Pierre évoquent pour certaines, par leur côté obsessionnel, répétitif, naïf et libre, d’autres artistes croisés dans ce même lieu.

Mais ce qui est certainement propre à ceux que présente aujourd’hui la Halle, c’est la source de leur inspiration qui puise dans une culture iconographique, calligraphique, picturale, dans une histoire millénaire et une littérature riche de grandes épopées. Le destin tragique de la plupart de ces artistes – pauvreté, maladie, troubles psychiques – trouve son expression dans un imaginaire forgé par cette civilisation où le fantastique et le réel se côtoient. Comme par exemple dans les créatures effrayantes et attachantes mi-hommes mi-monstres de David Koochaki, les gouaches colorées de Haaj Mohammad Harati, les fantômes pointillistes de Limoo Ahmadi.

Fiction créatrice

La culture iranienne est également riche d’une tradition poétique illustrée, jardins et fleurs, que l’on retrouve dans l’expression croisée de Mahmood Khan et Farideh, qui peuplent des arbres aux branches déployées d’êtres hybrides ou dans le jardin multicolore de Mohsen Asgarian.

Quant à Alireza Asbahi Sisi, c’est la tradition tisserande de l’Orient qui s’exprime dans ses patchworks de tapis recomposés en tableaux, peuplés de personnages héroïques.

Les parcours chaotiques de ces artistes se ressemblent souvent : leur capacité créatrice se découvre tardivement dans leur existence, marquée soit par un travail souvent modeste, soit par une incapacité assez précoce à s’intégrer.

Comme l’affirme Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint-Pierre : « Fonctionnant comme une harmonie dissonante, les créateurs réunis le temps d’une exposition nous invitent à croire à la puissance régénératrice de la fiction créatrice. Insuffler de l’imaginaire est un processus nécessaire pour réinventer la vie. »

Dans le même numéro (avril 2025)

  • Au sommaire

    Poison d’avril

    Des écoles aux lieux de culture en passant par les services des impôts, la casse du service public continue de plus belle en ce début d’année. Hélas, notre arrondissement n’est pas épargné. Pour les écoles maternelles publiques, ce sont 20 classes qui sont menacées de fermeture à la rentrée prochaine, sans oublier que les décharges des directeurs d’établissement sont en danger. Dans le même temps, le Service des impôts des particuliers Grandes-Carrières, le dernier du 18e, doit faire face à une réduction des horaires d’ouverture, des effectifs en baisse et de la souffrance au travail. Pas idéal avant la campagne de déclaration des revenus qui va débuter en ce mois d’avril. Heureusement, dans ce monde de brutes, nous vous proposons aussi plein de belles histoires, comme celle du LMP.
  • La vie du 18e

    École publique : encore moins de classes

    Maxime Renaudet
    Si l’Académie de Paris a fait de maigres concessions au mois de mars, vingt classes de notre arrondissement sont toujours menacées de fermeture à la rentrée prochaine.
  • La vie du 18e

    Le centre des impôts aux abonnés absents

    Dominique Andreani
    Entre la réduction des horaires d’ouverture, des effectifs en baisse et une augmentation des burn-outs, le dernier centre des impôts de l’arrondissement peine à bien recevoir ses usagers.
  • La Chapelle

    LAITERIE DE LA CHAPELLE - UNE TOMME MÉDAILLÉE

    Sylvie Chatelin
    Belle reconnaissance pour la Laiterie La Chapelle. Après le bronze en 2023, elle a reçu une médaille d'argent au Concours général agricole des produits laitiers tenu en parallèle du dernier salon de l'agriculture.
  • Histoire

    LMP - L’épopée d’un lieu de libertés

    Pierre A.Paugny
    Contre vents et marées, l’ancien lavoir de Gervaise devenu théâtre, tient le cap. Trente années d’écueils et d’embûches traversées grâce à des utopistes visionnaires soutenus par la mobilisation sans faille de tout un quartier.
  • Culture

    Théâtre - La vérité sur les contes de fées

    Sandra Mignot
    Tout ce que vous avez toujours pensé savoir sur les contes de fées, démystifié en une heure, avec humour et impertinence.
  • Les Gens

    Francis Laffon, un homme de paroles

    Noël Bouttier
    Tout près du métro Barbès, vit un septuagénaire devenu chanteur sur le tard, après une longue carrière dans le journalisme. Et si les deux histoires n’en faisaient qu’une ?

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N° 340 - septembre 2025