« Et à la fin, la petite sirène, elle crève. » C’est dit un peu crûment, certes. Pourtant c’est presque le cas dans le conte originel d’Andersen, bien loin de la version portée à l’écran par Walt Disney. Comme d’ailleurs dans de nombreux récits populaires, originellement destinés aux adultes. Violence, meurtre, sexe… sur la scène de la Manufacture des Abbesses, les quatre comédiens d’Et à la fin ils meurent, la sale vérité sur les contes de fées, entreprennent de déboulonner les versions romantiques et quelque peu naïves de ces histoires – devenues pour enfants – que sont les contes popularisés en France par Charles Perrault. De la bande dessinée à succès de Lou Lubie, Antoine Brin a fait une pièce infiniment drôle.
Anachronismes et ton décalé
Dans un décor constitué d’un portail à l’ancienne tagué d’un « mort au patriarcat » et flanqué d’une tour de château fort, Cendrillon, Le Petit Chaperon rouge, Barbe bleue, mais aussi d’autres contes moins connus comme La Petite manchotte, Le Prince enchanté ou encore Le Chien et la mer sont revisités et leurs ressorts originels mis à nu avec humour.
On apprend beaucoup sur les différentes adaptations de ces légendes orales, transmises et transformées d’un pays à l’autre voire à travers les époques. On perçoit le rôle qu’elles jouent encore dans nos sociétés. Mais surtout on rit du mélange de l’ancien et du contemporain, savamment imbriqué dans le texte, des anachronismes et du ton décalé emprunté par les comédiens qui rivalisent de vannes entre l’interprétation d’une princesse et d’une sorcière, d’un roi et d’un ogre. Bref, un spectacle à savourer absolument…mais sans les enfants.