Journal d’informations locales

Le 18e du mois

avril 2016 / Histoire

Céline à Montmartre : les chefs-d’œuvre et la haine

par Dominique Delpirou

L’écrivain s’est installé rue Lepic à la fin des années 1920. Sur la Butte délaissée par les artistes partis pour Montparnasse, Louis-Ferdinand, qui fréquente un milieu réactionnaire et xénophobe, écrit ses romans les plus forts et des pamphlets antisémites. Flash back au moment où sort le film Louis-Ferdinand Céline.

Évoquer la figure de Céline n’est pas chose facile. Car, si pendant de nombreuses années, les admirateurs de l’écrivain se sont évertués à séparer l’homme de l’écrivain, la politique de la morale, à distinguer l’auteur du Voyage au bout de la nuit des ignobles pamphlets antisémites, il s’avère aujourd’hui impossible de dissocier la haine de son génie. Le poison de l’antisémitisme, et plus généralement du racisme (car jamais, selon son biographe et éditeur, Henri Godard, ce raciste biologique ne démordra de sa « croyance fondamentale en une guerre des races vue comme le moteur de l’histoire — Juifs, Noirs et Chinois compris ») traverse une grande partie de son œuvre. Céline doit être « envisagé comme un tout ».
Cela explique sans doute le choix (compréhensible, mais discutable) fait par la municipalité parisienne de n’accorder à Céline aucune place dans la mémoire officielle de la Ville. De fait, nulle plaque ne rappelle la présence de l’écrivain dans les lieux du 18e où il vécut et où il écrivit le Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, mais aussi ses textes les plus haineux, Bagatelles pour un massacre et L’École des cadavres. Pourtant, Montmartre occupe une place si importante dans la vie et l’œuvre de l’écri­vain, les amis qui l’ont accompagné sont si ancrés dans le paysage de la Butte, qu’il a semblé utile de publier ces pages, quel que soit le jugement que l’on porte sur l’homme et sur ses livres.

Un décor bourgeois

C’est en août 1929 que Louis Destouches, fuyant la banlieue – où il s’ennuyait à mourir – et les punaises de son appartement, s’installe au 98 de la rue Lepic, avec Elizabeth Craig, une jeune et pétillante danseuse américaine originaire de Los Angeles, rencontrée en 1926 dans une librairie à Genève. Quelques semaines auparavant, il avait fermé, faute de clientèle suffisante, son cabinet de médecine générale à Clichy, où il conserva néanmoins une vacation quotidienne dans un dispensaire jusqu’en décem­bre 1937... (Lire la suite dans le numéro d’avril 2016)


Illustration : Céline par Gen Paul (extrait)

Dans le même numéro (avril 2016)

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