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avril 2016 / Les Gens

Rendez-vous au cimetière avec Alex Beaupain

par Florian Gaudin-Winer

Le chanteur, dont le sixième album, Loin, vient de sortir, habite dans le quartier des Abbesses depuis sept ans. Sans pourtant le connaître très bien… sauf le cimetière de Montmartre.

Je vais dire un truc un peu terrible pour ton journal, mais je m’en fous un peu de l’endroit où j’habite. » Il a l’air sincèrement désolé, Alex Beaupain, face à son interlocuteur qui n’en mène pas large. Mais le chanteur de 41 ans n’aime pas la langue de bois et passe le 18e arrondissement à la moulinette depuis déjà 20 bonnes minutes, de sa voix de dandy à l’élégance traînante.
On a pourtant tout essayé. Son arrivée rue des Abbesses, dans un petit appartement de 37 m2 ? « Mon ancienne colocataire est partie du jour au lendemain. Je l’ai eu en catastrophe, grâce à un ami. J’avais une image très négative du coin. Pour moi, ce n’était pas un vrai quartier. Il y avait soit des touristes, soit des gens très riches. » Pourquoi est-il resté ? « Bah, je suis paresseux. Et puis, quand on travaille, on n’a pas le temps de déménager. » L’esprit village des Abbesses ? « Je ne suis pas particulièrement attiré par la vie de quartier. Ça va faire un peu vieux con, mais connaître mon pharmacien et dire bonjour à tout le monde, ce n’est pas trop mon truc. » Le 18e, source d’inspiration pour certaines chansons ? « Non, ou bien peut-être indirectement. » Le Sacré-Cœur ? « Je trouve que c’est un édifice affreux. On dirait une grosse meringue posée sur la Butte. En plus, on ne voit que ça. Quand des touristes me demandent comment y aller, je les envoie ailleurs, vers des endroits jolis. »

Bobo parisien

La voilà, l’ouverture. Car contrairement à ce que pourraient laisser penser ces premières lignes, Alex Baupain n’est pas désagréable. Il aime juste cultiver son paradoxe, comme lorsqu’il finit par lâcher : « J’ai fini par me plaire aux Abbesses. J’envisage même d’y acheter un appartement. J’ai du mal à me dire que je pourrais vivre ailleurs. J’ai pris mes habitudes. » À La Mascotte notamment, « une des plus jolies brasseries parisiennes, où les fruits de mer, que j’adore, sont délicieux. Ce sont des choses idiotes qui font qu’on est attaché à son quartier. Et puis la nuit, les rues sont jolies. Et quand il y a des illuminations pour Noël, je trouve ça chouette. »
Avouons-le, tout cela fait un peu bobo parisien. Un statut assumé : « Je le sais bien, que j’en suis un », s’exclame Alex, connu pour son engagement à gauche, et dont la chanson « Au départ » a servi de tube de campagne à François Hollande lors des dernières présidentielles. « Ce qui m’agace, c’est qu’être attaché à la culture, à la lutte contre le racisme et contre l’homophobie, passe pour de la naïveté ou même de l’idio­tie. Je ne pense pas que des gens opposés au mariage pour tous soient des progressistes. C’est pourtant ce qu’une partie de la société essaye de nous faire croire. »
Dans ses chansons aux textes ciselés, Alex Beaupain a pour thèmes de prédilection l’amour, la mort et la mélancolie. Pas celle des poètes du XIXe siècle mais celle qui fait du bien, qui vous console et qui vous donne envie d’être heureux. Il n’est donc peut-être pas si surprenant que cela qu’au moment d’évoquer les endroits qu’il aime, il nous emmène dans les allées du cimetière de Montmartre, pour une balade visuelle à vous faire sortir un mort de terre... (Lire la suite dans le numéro d’avril 2016)


Photo : © Christophe Brachet

Dans le même numéro (avril 2016)