Le projet de promenade comestible baptisé Jardin des traverses, sur l’un des tronçons de
la Cetite Ceinture, fait son chemin et devrait ouvrir au public à l’hiver 2023. Novateur dans sa conception et sa mise en œuvre, le projet est toujours en cours d’élaboration.
La Petite Ceinture prépare son ouverture au public pour ce printemps 2023. Mais sa portion située entre la gare Ornano et la porte des Poissonniers ne fera pas partie du voyage. En tout cas, pas tout de suite car des modifications ont dû être apportées au projet initial. « Au départ, il était question d’un lieu de culture urbaine, basé sur la pédagogie et ouvert en partie au public, avec la possibilité de cueillette, mais sans la continuité avec la Petite ceinture », explique Sébastien Goelver, membre de l’association Le Jardin des traverses. Cette association, qui réunit Vergers urbains, Green Resistance et la fédération Leo Lagrange a en effet remporté un appel à projet du programme Parisculteurs en 2019 portant sur cet espace de 7500 m2. Puis la Mairie a fait le choix d’un accès tout public au site concerné. « Cela modifie la donne : on court le risque de dégradations, de cueillettes sauvages. Cela nous a compliqué la tâche et il a fallu modifier le choix des cultures, la configuration des aménagements. » L’espace devenant soumis à certains des impératifs qui gèrent la fermeture et l’ouverture des parcs et jardins de la Ville de Paris, il est assujetti à certaines normes (accès et issues de secours, sécurité du public, etc.)
Biodiversité locale
Gilles Ménède, adjoint (PS) au maire en charge des espaces verts, présente un dispositif divisé en plusieurs tronçons dont l’ouverture est néanmoins souhaitée pour 2023. Le premier, qui occupe 70 % de l’espace, le plus à l’ouest, sera une zone végétale et agricole, avec des pépinières, des maraîchages. A l’est du tronçon, dont l’accès est de plain pied avec la rue on trouvera une zone d’ateliers, l’espace technique, avec un accès restreint, réservé au collectif sur des horaires à déterminer. Enfin le troisième, la zone intermédiaire, enjambe le pont des Poissonniers, et deviendra la zone sociale , un tiers-lieu nourricier car destiné au public, avec de la formation, de la distribution et dont l’usage est encore en discussion avec des projets tels qu’un marché nomade, l’accueil de producteurs locaux, l’ouverture de lieux de restauration, des cuisines partagées … « Les problèmes qui nous restent à régler, poursuit Gilles Menède, ce sont la propreté du site, sa sécurisation, les questions d’ouverture et de fermeture qui vont être cruciaux. Nous sommes en train de créer une zone mixte, un espace d’agriculture urbaine dont on souhaite une ouverture au public la plus large possible. Nous avons demandé au collectif la rédaction d’une convention spécifique, avec une pré-figuration d’usage d’un mois d’été et d’un mois d’hiver. »
De nombreuses questions sont donc encore à l’étude. « Dans notre projet initial, il y avait davantage de plantes potagères annuelles, précise Sébastien Goelver. Nous avons recentré sur la biodiversité locale, les plantes indigènes en Ile-de-France avec une plus grande proportion de plantes vivaces, comme les aromates, des plantes fruitières et des plantes plus rustiques (rhubarbe, oseille, mâche .. ). On pourra y ressourcer des plantes champêtres, forestières, adaptées. » Les sols urbains sont pollués, il faut donc trouver des cultures compatibles, séparer du sol pour les plantes comestibles avec par exemple des bacs, et également favoriser les plantes qui produisent des matériaux comme l’osier pour la vannerie, ou des plantes textiles. Vergers urbains a l’idée également d’implanter une activité de réinsertion à destination des personnes très éloignées de l’emploi, dans le domaine du paysage, en gestion et en aménagement.
Servir de modèle
Pour certains, comme Vera Briole, membre des Vergers urbains, les aménagements qui ont dû être apportés au projet initial sont décevants : « Au départ, on voulait utiliser les rails, d’anciens wagons pour faire une buvette... On aurait préféré garder le côté sauvage : les hérissons, les papillons vont en pâtir. Mais c’est incompatible avec les poussettes, les vélos… Cela remet en question les rares espaces sauvages en ville. » Pour Sébastien Goelver, ces contraintes si elles sont réelles, « sont novatrices et font avancer la réflexion. Le projet est plus complexe à gérer, il y a beaucoup de réunions, mais cela permet de nourrir le projet et de consolider les partenariats. La réussite de la gestion peut servir de modèle pour d’autres expériences de cette nature ». Une réunion publique pour présenter le projet est prévue à l’automne.