L’association Ta salle de travail (TAS2T) fournit aux jeunes des espaces d’étude chaque dimanche.
Devant son ordinateur, Asma, 20 ans planche sur ses cours de géographie : « J’ai eu connaissance de ce lieu il y a quelques semaines, quand l’association s’est présentée auprès d’Oasis 18, où je suis en service civique. J’ai trouvé intéressant d’avoir un endroit pour travailler car chez moi j’ai trop de distractions. » Trois nouvelles étudiantes font leur entrée. Fanta, Dioula et Wafa sont en BTS économie sociale et familiale. « Chez nous, c’est trop bruyant pour se concentrer sur les révisions. » De longues tables de bois, des bancs, un podium sur lequel sont installés de confortables canapés, de grandes baies vitrées et, près du mur de l’entrée, de hauts tabourets le long d’un comptoir. Tel est l’espace que la Maison de la conversation met à disposition de l’association Ta salle de travail (TAS2T). L’objectif ? Offrir un espace d’étude chaque dimanche pour ceux qui veulent réviser dans le calme et dans un environnement accueillant.
Tout a commencé lors de la campagne des municipales de 2020. « Nous sommes allées à la rencontre des jeunes des quartiers du 18e et nous leur avons demandé ce dont ils avaient besoin, explique Manelle, étudiante, co-fondatrice de TAS2T et vice-présidente de l’association. Parmi leurs revendications il y avait ce problème de trouver un lieu d’études. Les horaires des bibliothèques sont en général trop restreints. Les BU de nos facs sont souvent loin. » Manelle, Yassimina et Hady, les trois co-fondatrices, connaissent elles-mêmes le problème.
Deux salles dans le 18e
En allant porter leurs revendications les trois cofondatrices découvrent Espoir 18, qui propose de mettre à disposition son local de la rue de la Charbonnière, en semaine et le week-end. Puis le maire du 18e, Eric Lejoindre, les met également en contact avec l’équipe de la Maison de la conversation, qui doit ouvrir en 2021. Dès avril de cette année, elles commencent à mettre ces espaces à disposition gratuitement. Seule condition : réserver à l’avance via le compte Instagram de TAS2T.
Deux des fondatrices (rejointes par Hadidja) sont présentes à chaque permanence et accueillent une quinzaine de personnes. Elles-mêmes n’ont pas terminé leurs études. Et gérer ces salles est chronophage. Raison pour laquelle elles avaient laissé de côté le projet en 2022. Mais elles sont de retour depuis février et comptent parvenir à développer leur initiative. En plus des deux salles actuelles, TAS2T recherche d’autres lieux, prêtés par des associations, des entreprises ou des écoles, dans le 18e mais aussi dans d’autres arrondissements. « Avec l’idée de trouver des relais pour que les permanences soient assurées par des jeunes qui habitent à proximité des salles », suggère Hadidja.
Et l’idée est aussi de créer du lien. « Nous aimerions qu’il y ait un partage d’expérience, qu’on ne reste pas chacun de notre côté », observe Manelle. Elles songent ainsi à proposer des ateliers d’aide à l’écriture de CV, lettres de motivation et mémoires. Car les obstacles rencontrés par les jeunes des quartiers prioritaires sont légion et l’entraide est le premier pas vers la réussite. •
Photo : Sandra Mignot