Journal d’informations locales

Le 18e du mois

décembre 2019 / Goutte d’or

La potion magique de Coopaparis

par Sonia Imbert

Au cœur de la Goutte d’Or, cette boutique associative fêtera bientôt ses six ans. Quelle est la recette de ce succès hors du commun dans le paysage de la distribution alimentaire ?

Comme le petit village gaulois de la BD, la Coopérative alimentaire de la Goutte d’Or « résiste encore et toujours à l’envahisseur ». En effet, elle se démarque depuis six ans par sa résistance aux « monstres de la grande distribution » comme le décrivent les membres les plus anciens. Par une organisation hors du commun, elle arrive depuis toutes ces années à fournir à ses coopérateurs des produits de qualité, aux prix justes et respectueux du travail des petits producteurs.
Ici, pas de chef ni de hiérarchie. Pas de contraintes strictes ni de durée minimale d’adhésion. Tous les membres participent et se responsabilisent pour que la boutique continue à tourner. Marie-Odile, journaliste retraitée également active au 18e du mois qui a vu naître ce bébé en 2014, avoue n’avoir pas toujours cru à ce projet utopique : « Je ne pensais pas qu’avec des règles aussi souples et un tel fonctionnement “usine à gaz”, on pourrait y arriver. » Pourtant aujourd’hui, elle ne quitterait pour rien au monde ce projet où « des amitiés se créent, où je m’amuse et où j’apprends énormément de ce travail de boutique associative ; pour moi ce projet répond en premier lieu à une conviction citoyenne et politique d’alternative au système de la grande distribution qui écrase les petits producteurs.  »

Une organisation astucieuse

Indispensable outil : le site auquel chaque adhérent accède après avoir cotisé (35 €/an) est d’une redoutable efficacité. Accès et inscription aux différents plannings, contacts des référents, rappel des dates de paiement d’adhésion, récapitulatifs des tâches réalisées, accès aux comptes-rendus d’assemblées mensuelles auxquelles tous sont invités, tout y est. Une organisation horizontale optimale qui donne à chacun le même niveau d’information. Chaque foyer adhérent doit participer au moins huit fois par an aux tâches de la coopérative et chacun est invité à rejoindre l’une des neuf commissions garantes de la bonne tenue des lieux : hygiène et ménage, finances, adhésion, communication, site web, ouverture de la boutique, approvisionnement, travaux, solidarité.
Aujourd’hui, ce sont près de 300 foyers, soit environ 400 adhérents, qui ont épousé le mode de fonctionnement de cette coopérative. Et chacun y trouve son compte. Pour Cécile, 46 ans, croisée avec son panier de légumes et fruits frais à la caisse, adhérente depuis quelques mois, nulle motivation politique mais « une volonté de trouver des produits de qualité, proches des producteurs, à des prix justes et intéressants  ». Quant à Adrienne, 40 ans, enseignante, adhérente depuis trois ans qui était ce soir-là de permanence boutique, servant, louche en main, un fromage blanc appétissant, elle confie : « Je suis ici avant tout parce que les produits sont bons ! Et puis, on ne donne pas de l’argent à une entreprise dégueulasse. Ça a du sens, tout simplement ! »
Cette aventure inspire d’autres structures qui se créent sur ce modèle. Marie-Odile est catégorique sur le sujet : « Le succès du projet réside aussi et surtout dans la proximité entre les coopérateurs et les producteurs et dans la taille humaine de notre structure.  »

Photo : Claire Gaby

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