Le piaf se fait rare à Paris. La municipalité met en place un dispositif pour préserver et favoriser les colonies qui y nichent encore.
La Ville, en partenariat avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO-IDF), met en place un nouveau dispositif intitulé « quartiers aux moineaux ». Créée pour tenter d’enrayer la disparition des moineaux domestiques à Paris, l’initiative est lancée sur trois sites pilotes : la place Poliakoff dans le 13e, la rue Didot dans le 14e et la place Suzanne Valadon, où se trouve l’école Foyatier, dans le 18e. L’idée du dispositif est d’identifier les colonies pour les protéger et les faire prospérer en rajoutant des nichoirs à proximité et éventuellement des points de nourrissage en hiver. Le maintien de la végétation à moins de 200 mètres de la colonie est primordial et la plantation de plantes favorables aux insectes est indispensable.
Se faire connaître en mairie
Les personnes du 18e ayant identifié une colonie près de chez elles sont invitées à se rendre en mairie le 4 décembre pour une distribution de nichoirs et de graines et une présentation des nichoirs déjà installés. Par la suite, trois modules de formation sont prévus.
La LPO suit les populations de moineaux depuis 2003 et organise un comptage chaque année par ses bénévoles, sur 200 points dans Paris, durant dix minutes. Il en résulte que la population a perdu 75 % de ses effectifs entre 2003 et 2016. Les causes principales étant l’obturation des cavités de nidification lors de ravalements ou d’opérations d’isolation par l’extérieur, ainsi que la disparition des insectes qui entraîne une grande mortalité chez les oisillons.
Une trentaine de personnes ont assisté, le 2 novembre, à une réunion de présentation du nouveau dispositif durant laquelle plusieurs membres de l’équipe municipale se sont relayés pour présenter l’opération : Florence Carrique-Allaire (chargée de mission biodiversité et condition animale), Douchka Markovic, (déléguée auprès du maire du 18e pour la condition animale), Sylvie Pulido (conseillère auprès du maire du 18e, chargée de l’agriculture urbaine et de la biodiversité), Gilles Ménède (adjoint au maire du 18e pour les espaces verts), ainsi que Frédéric Jarry de la Maison Paris Nature, située au Parc floral, dans le 12e. Le directeur de l’école Foyatier était aussi présent, puisque son bâtiment accueille une colonie de moineaux dans les grilles d’aération du deuxième étage.
Londres et Bruxelles sans piafs
Frédéric Mahler de la LPO et Frédéric Jarry ont rappelé quelques notions essentielles sur les moineaux : ce sont des oiseaux grégaires qui nichent en colonie dans des cavités, surtout situées sur des bâtiments. Ils sont plutôt granivores mais sont aussi à la recherche d’insectes pour nourrir leurs petits. Ils ont besoin d’espaces verts et d’arbustes denses, si possible épineux ou à feuillage persistant, où ils passeront beaucoup de temps à se toiletter et à se reposer à l’abri des prédateurs (essentiellement chats, éperviers et faucons crécerelles). Il leur faut aussi un point d’eau pour boire et se baigner et un site pour prendre des bains de poussière. Leurs parades nuptiales commencent en mars, ils pondent de 2 à 8 œufs et les jeunes quittent le nid après deux semaines. Ils élèvent 2 à 3 nichées par an.
Après la réunion, une promenade dans le square Louise Michel a permis de visualiser le rayon d’action des moineaux, qui ne s’éloignent guère de l’école Foyatier où ils nichent, et de découvrir leur arbuste de ralliement : un poncirier, épineux à souhait et idéalement placé entre massifs et allées. Il serait bien dommage que les piafs disparaissent de Paris, comme à Londres ou à Bruxelles. Il est temps de passer à l’action !
Photo ; Jean-Claude N’Diaye