Ces derniers mois, plusieurs boutiques de produits d’Afghanistan ont ouvert entre le métro La Chapelle et Marx Dormoy.
Loin des images de soldats dans des zones montagneuses où rien ne semble vouloir jamais pousser, les produits proposés montrent un autre visage de ce pays en guerre depuis 40 ans. Le 18e du Mois vous convie à un voyage exotique à deux pas de chez vous.
Quand le grignotage devient un art
Ouvertes il y a quelques mois, les épiceries afghanes attirent la communauté émigrée mais aussi tous les amateurs de fruits secs. Reportage dans l’une d’entre elles, rue de La Chapelle.
Peu la distingue des autres épiceries exotiques du quartier Marx Dormoy. Pourtant, L’Exotique de La Chapelle recèle de produits originaux. Sur les rayonnages de bois brut clair, simples mais élégants, sont empilés avec soin des sacs de mûres sauvages du Panjshir, mûres blanches du Pamir, jujubes du Tadjikistan, amandes de Kandahar, raisins secs noirs, bleus, verts ; pistaches natures ou au safran, graines de courges grillées, pois chiches grillés et séchés, plusieurs variétés d’amandes, abricots séchés, ou encore des airelles séchées, du melon. Une véritable liste à la Prévert non exhaustive de ces produits, tous importés d’Afghanistan et « 100 % bio » insiste Azim, cofondateur de la boutique.
Afghanistan, paradis des fruits séchés
« Nous avons plus de quarante produits secs différents, précise fièrement Azim. En Afghanistan, quelle que soit votre langue ou votre ethnie, les fruits secs accompagnent toutes les tables et tous les évènements, en premier lieu le thé, c’est un devoir pour qui reçoit que d’en proposer à son hôte. »
On peut s’étonner de la profusion et de la diversité des produits proposés mais ce serait oublier que l’Afghanistan et ses régions, au-delà de l’époque difficile que ses habitants traversent, possèdent une riche tradition agricole. La majorité des produits présentés dans la boutique sont d’ordinaire destinés au marché indien. Mais Azim et son associé tenaient beaucoup à fournir la communauté afghane réfugiée en France et faire découvrir la culture culinaire ancienne et pleine de préceptes de santé. « Nos mûres séchées remplacent le sucre pour le thé, c’est bon pour les diabétiques », illustre par exemple Azim.
Au cœur de la culture afghane
Sur le comptoir, le patron désigne un présentoir : une boîte de bois contenant une quinzaine de produits pour la dégustation. Et voilà qu’on nous propose un thé. Pois cassés grillés, pois chiches grillés, craquelins de pois chiches… Notre choix se porte sur une sorte d’olive, un oléastre. Chair farineuse et plutôt insipide, Azim n’en disconvient pas. « Nous en mangeons depuis notre jeune âge, explique-t-il. Nous adorons ça et en plus c’est très bon pour la santé. » Et comme pour confirmer ses dires, entrent trois jeunes dans la vingtaine, qui échangent quelques mots en dari (le persan parlé en Afghanistan) et se dirigent vers les paquets d’oléastre. « Oh oui, on ne peut pas vivre sans ça, explique l’un deux en français. Nous habitons à Poitiers et nous avons profité de notre passage à Paris pour faire le plein. »
Depuis l’ouverture de sa boutique il y a trois mois, Azim a vu la clientèle s’élargir. D’abord la communauté afghane, et maintenant les autres habitants, amateurs de fruits secs ou simples curieux. Si vous souhaitez étonner vos amis avec des apéritifs exotiques, n’hésitez pas, les épiceries afghanes ouvrent une fenêtre sur une culture riche en découvertes. •
Photo : Jean-Claude N’Diaye