Pétition, tee shirts, manifestation… On s’agite sur la Butte autour d’un possible projet commercial menaçant l’existence d’un terrain de pétanque avenue Junot.
Ça renacle dans le Landerneau montmartrois. Une pétition en ligne, sous la banderole « Touche pas à mon Clap, 17/ 23 avenue Junot » a recueilli plus de 3 000 signatures. Le texte précise que le Club Lepic Abbesses Pétanque « est aujourd’hui en danger. La Mairie de Paris organise un appel à manifestation d’intérêt public concurrent inéquitable et injuste au profit d’un opérateur privé. Cet appel présente le terrain du 17 avenue Junot comme vide de tout occupant, alors que les 257 licenciés de notre club l’entretiennent et l’animent tous les jours ».
Dans sa rubrique d’avis légaux, Le Parisien a en effet publié le 30 septembre dernier un « Appel à manifestation d’intérêt concurrent en vue de l’octroi d’un titre d’occupation du domaine public ». Le texte indique qu’un « opérateur a fait part à la Ville de Paris de son intérêt pour occuper le terrain de 765 m2 sis au 17 avenue Junot/8 passage du Rocher de la sorcière. Il a fait part de son intention d’aménager et d’exploiter le terrain après réalisation des travaux nécessaires au projet en espace vert ». Les candidats doivent se manifester par écrit jusqu’au 28 novembre avant 17 h.
A la Mairie du 18e on précise qu’« au cas ou il y aurait plusieurs candidats, une commission réunissant des élus et des fonctionnaires trancherait ». Et que « dans le cas contraire, la Ville de Paris pourrait autoriser l’opérateur à occuper le terrain ». De même source on confirme que l’opérateur mentionné est un établissement hôtelier situé 23 avenue Junot.
L’Hôtel particulier lorgne sur le terrain
Oscar Comtet, directeur de cet établissement de luxe, précise au 18e du Mois qu’il s’agit d’un « projet personnel à vocation pédagogique qui prévoit le maintien du Clap et du terrain de pétanque ainsi que l’ouverture au public ». « Je vais répondre personnellement à l’appel d’offre et propose d’y inclure les membres du Clap », ajoute-t-il. De nombreuses rumeurs circulent sur cette affaire, dont le projet privé d’un célèbre restaurant de Montmartre, La Mascotte, la brasserie de la rue des Abbesses, ce que son propriétaire, Thierry Campion, dément formellement.
Erigé en 1871 dans la zone du Maquis, constituée jusqu’à la fin du XIXe siècle, entre les rues Lepic et Clignancourt, de petits cabanons de bois hétéroclites où vivaient des gens misérables et des artistes désargentés, le petit hôtel a appartenu aux familles Hermès puis Rothschild, avant de tomber dans l’escarcelle de la famille Comtet en 2007. Outre un jardin de 900 m2 sur lequel veille Oscar Comtet, paysagiste de formation, il propose des suites dont les prix par nuit peuvent atteindre…1600 €.
Le Clap, lui, est plus récent. Créé en 1971 par René Moureau, propriétaire de l’emblématique restaurant de la rue des Abbesses, La Pomponette, devenu depuis Bibiche, il offre à ses adhérents, outre les boules, un club house où se déroulent parfois des soirées privées. La Mairie y a d’ailleurs diligenté une inspection administrative afin de vérifier que le club s’acquitte bien des obligations et devoirs liés à la concession qui lui a été accordée. A l’heure qu’il est, Le 18e du mois ne connait pas le résultat de cette inspection. Il faudra attendre le 28 novembre pour savoir ce qu’il adviendra du petit carré montmartrois. •
Photo : Bruno Oizan-Chapon