Le chantier du futur train rapide Charles-de-Gaulle (CDG) Express qui doit relier en vingt minutes et sans arrêt la gare de l’Est au Terminal 2 de l’aéroport de Roissy, à nouveau autorisé.
Cette liaison de 32 km est remise sur les rails par la Cour administrative d’appel de Paris. Elle a validé le 28 avril la poursuite du chantier entre Paris et l’aéroport de Roissy, revenant sur une précédente décision de justice. Selon son communiqué, elle « considère, contrairement à ce qu’avait jugé le tribunal administratif, que le projet est justifié par une raison impérative d’intérêt public majeur, permettant de déroger aux dispositions (…) du code de l’environnement concernant la protection des espèces animales ». Plus précisément, elle considère que le CDG Express vise à « améliorer la desserte de l’aéroport par les transports en commun, décongestionner le réseau existant et renforcer l’attractivité de l’agglomération francilienne ». Voilà la fameuse raison impérative d’intérêt public !
Le tribunal administratif de Montreuil avait, en novembre 2020, énoncé l’inverse : le projet du Charles-de-Gaulle Express n’est pas « une infrastructure indispensable » et ne répond pas « à des raisons impératives d’intérêt public majeur » qui justifieraient qu’il soit porté atteinte à des espèces protégées. En fait, le chantier ne s’est jamais vraiment arrêté, au grand dam des riverains largement impactés par ces travaux, la cour ayant suspendu, en mars 2021, l’exécution de ce jugement.
Inutile et coûteux
Par ce nouvel arrêt, les juges font fi de l’environnement, en l’occurrence des oiseaux et des grenouilles. Pour ce qui est du bien commun, des humains ordinaires, dès le départ ce projet les avait laissés de côté. Ce train ne s’adressera qu’à ceux, touristes aisés et cadres d’affaires qui, pour 24 euros, veulent aller vite, vite, prendre un avion... ou rejoindre la capitale. Le train doit traverser la Seine-Saint-Denis à 160 km/h sans s’arrêter et prendre sur une partie du trajet la voie de délestage du RER.
Un projet coûteux, dénoncé par de nombreux élus de gauche et écologistes, qui complète la liste des investissements inutiles, en flagrant décalage avec les bonnes paroles sur l’écologie et la protection de la planète.
L’arrêté inter-préfectoral qui a lancé en février 2019 les travaux, autorisant le train à traverser des zones où vivent des espèces protégées, est à nouveau valide. Aucune des nombreuses voix qui se sont élevées contre lui ni les incertitudes sur les évolutions futures du trafic aérien n’ont été entendues. Quant aux oiseaux et aux grenouilles, ils n’ont pas la parole.