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septembre 2021 / Alternative au béton, le jardin se réinvente

Dans la cour et sur les toits

par Sylvie Chatelin

Au pied levé, l’association Veni Verdi s’est installée sur le toit de l’école Eva Kotchever en plein cœur de Chapelle International. Le jardin prend forme et ses deux responsables fourmillent de projets.

Rencontre au sommet avec Caroline et Ilan, deux passionnés qui jardinent un terrain d’environ 500 m2 sur un toit-terrasse de 600 m2 avec vue imprenable sur le Sacré-Cœur. Veni Verdi a pris possession du site en mai 2020. De grands bacs de 40 et 80 cm de profondeur où s’épanouissent au soleil de petits fruitiers (framboisiers, cassis) à côté des artichauts, de l’oseille, des aromatiques, des pommes de terre, des tomates, de la rhubarbe, des tournesols, des coréopsis, des bleuets et autres fleurs. Des courgettes et des épinards venaient d’être ramassés et les premières pêches tout juste cueillies la veille de notre visite fin juillet.

Un système d’irrigation permet de s’éviter de fastidieux arrosages. Car 500 m2, c’est du boulot ! Heureusement Caroline et Ilan ne sont pas seuls. Des bénévoles peuvent venir leur donner un coup de main le vendredi matin et par la même occasion s’initier aux techniques de culture urbaine hors sol. Avis aux amateurs…

Inaccessible aux élèves

Une terrasse-jardin sur le toit d’une école, on pourrait penser que les élèves et leurs enseignants seraient les premiers à en profiter pour mener des activités autour du jardinage et des plantes mais, oubli ou incompétence inexcusable, bizarrement la terrasse n’a pas été sécurisée pour les enfants. Il est donc impossible aux enseignants d’y monter avec leurs classes. Dans leur élan, Caroline et Ilan ont construit de grands bacs dans la cour même de l’école et y ont planté des bulbes avec les enfants en toute sécurité. Surtout, ils ont monté avec l’équipe pédagogique le projet De la graine à l’assiette qui démarrera à la rentrée de septembre chaque vendredi après-midi sur le temps périscolaire. Les enfants y apprendront comment sont produits les aliments que nous mangeons, l’importance de leur mode de production sur la biodiversité végétale et animale et sur notre environnement.

Caroline et Ilan n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils interviennent toutes les semaines depuis trois ans au collège Clémenceau où ils ont créé un potager de toutes pièces et construit les bacs en bois avec, notent-ils, « que des filles », des classes de 5e et 4e et de la classe UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants). Ces derniers sont souvent riches de leur propre culture agricole et les deux animateurs « apprennent aussi grâce à eux ». « Nous avons étoffé nos cultures avec ces jeunes qui ont déjà un rapport à la terre dans leur pays d’origine. » En projet, un repas international avec la production du potager et des interventions identiques au collège Gérard Philipe.

Ancré dans le quartier

D’autres projets sont en gestation ou en cours de réalisation : marché de petits producteurs locaux en bas de l’immeuble, vente aux riverains et commerçants locaux d’herbes aromatiques et autres productions (la fleuriste du marché de l’Olive se fournit déjà chez eux en fleurs coupées pour des bouquets champêtres), visites du jardin avec différents bailleurs, aide aux habitants pour végétaliser leur balcon ou cour d’immeuble. Et aussi l’accueil des « tricoteuses » de l’association Vivre au 93 Chapelle toute proche, la végétalisation de la terrasse du 5e étage de la tour en face de l’école, un travail avec les jeunes via les clubs de prévention – comme Veni verdi le fait déjà dans les 19e et 20e – et répondre ainsi aux objectifs de l’association de « créer des jardins en milieu urbain pour agir sur l’environnement, la société et l’économie ».

Veni Verdi a signé une convention d’occupation pour douze ans, il n’en faudra pas autant pour que ce nouveau site de culture urbaine devienne un incontournable de ce quartier largement trop bétonné de Chapelle International et de la porte de La Chapelle. Et n’attendez pas pour le visiter ! Caroline et Ilan vous accueilleront lors de leur première participation à la Fête des jardins, le samedi 25 septembre après-midi.

Photo : Jean-Claude N’Diaye

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