De la place Blanche à la rue de La Chapelle, toutes les étapes d’une grande promenade dans les pas des surréalistes, nombreux à vivre dans nos quartiers.
La promenade à laquelle nous vous convions aurait probablement suscité la colère d’André Breton, le « pape » du surréalisme. Rien en effet n’est plus étranger au mouvement qui voulait « transformer le monde » et « changer la vie », libérer l’homme et le langage, que les pèlerinages, les mausolées ou la sacralisation des lieux. Aussi, pour prendre tout son sens, cette ballade devrait être associée aux œuvres des surréalistes ; elle devrait aussi être l’occasion de vivre une expérience singulière en ouvrant l’imagination, la sensibilité et en mettant à jour les virtualités créatrices que chacun possède à l’intérieur de lui.
La place Blanche est le point de départ de notre itinéraire. Lieu ouvert et centre de la galaxie surréaliste, elle était le passage obligé entre le domicile d’André Breton (dans le 9e) et le café Cyrano (dans le 18e) où se réunissait le groupe.
42 rue Fontaine
Breton s’installa à cette adresse en 1922, dans un atelier d’artiste, avec Simone Kahn, sa première épouse. Il y demeura jusqu’à la fin de ses jours, en 1966. Une plaque rappelle qu’il écrivit ici ses plus belles pages. En fait l’atelier, orienté au nord, donnait sur le boulevard de Clichy. Pour y accéder, il fallait emprunter la longue allée longeant le petit théâtre de la Comédie de Paris, jusqu’à un immeuble composé uniquement d’ateliers d’artiste sur plusieurs niveaux. Un escalier sombre menait à l’appartement de Breton, situé au 4e étage, et constitué, selon le poète lui-même, « d’une pièce de silence et d’ombre et d’une pièce de bruit et de lumière ». Julien Gracq évoque une « tonalité générale, vert sombre et brun chocolat » qui « est celle des très anciens musées de province ».
Sa superficie n’était pas importante mais, comme tous les ateliers d’artiste du quartier, il disposait d’une belle hauteur de plafond, ce qui permit à son occupant d’entasser les unes sur les autres les œuvres de ses différentes collections : « masques, tikis, poupées indigènes où dominent la plume, le liège et le bouchon de paille… évoquant à la fois un cabinet de naturaliste et la réserve, en désordre, d’un musée d’ethnographie », dit encore Julien Gracq. Juste en dessous des fenêtres d’André Breton se trouvaient les cabarets du Ciel et de L’Enfer, fondés en 1898. Ces deux temples du plaisir de la Belle Époque ont fermé définitivement leurs portes à la fin des années 20, mais leurs façades délirantes sont restées en l’état jusque dans les années 50... (Lire la suite dans le numéro de novembre 2015)
Reportage Photo : © Tessa Chéry
Dans le même numéro (novembre 2015)
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