Ces polluants, principalement émis en ville par les véhicules, sont plus concentrés le long des gros axes routiers.
En particulier dans le 18e le long du périphérique. Ils menacent la santé des habitants.
Le 13 octobre dernier, les habitants du 18e ont, comme tous les Parisiens, appris une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, pour les automobilistes en tout cas, est que ce jour-là, le stationnement résidentiel des véhicules serait gratuit. La mauvaise est que la Ville de Paris avait pris cette décision en raison d’un nouveau pic de pollution aux particules (PM10) et qu’elle demandait donc aux habitants d’utiliser les transports en commun ou tout autre mode de déplacement moins polluant.
Car c’est la proximité d’un axe à fort trafic routier (plus de 10 000 véhicules par jour) qui constitue le principal facteur d’exposition à la pollution aux particules et à des risques sanitaires accrus : asthme, infarctus, accouchements prématurés… À Paris, près de 30 % de la population vit à moins de 75 m d’un tel axe. Le 18e fait partie des arrondissements très concernés en raison principalement de la proximité du périphérique, l’axe le plus emprunté d’Europe et l’un des plus embouteillés. En cause aussi plusieurs axes à forte circulation en direction des portes de La Chapelle, Clignancourt et Saint-Ouen et des boulevards très fréquentés qui bordent l’arrondissement au sud.
Dans son bilan 2014, Airparif, l’organisme en charge de la surveillance des polluants atmosphériques en Ile-de-France, précise que, pour les PM10, la valeur réglementaire a été systématiquement dépassée le long des axes à fort trafic. Les particules fines occupent une place de choix dans la pollution atmosphérique, dont le coût annuel – au moins 100 milliards d’euros – a été estimé par une commission d’enquête sénatoriale, à la mi-juillet. Mais ce sont moins les épisodes, brefs, de fortes émissions que la pollution de fond qui inquiètent les médecins.
Un plan de lutte
Le 23 mars 2015, une mesure exceptionnelle était appliquée dans l’agglomération parisienne : la circulation alternée. Elle n’avait été adoptée qu’à deux reprises auparavant, les 1er octobre 1997 (en raison d’un pic de pollution au dioxyde d’azote) et 17 mars 2014 (les particules, déjà). Peu après, la mairie de Paris annonçait l’adoption d’un plan antipollution jusqu’en 2020, visant à limiter le trafic automobile (à l’origine de la moitié des émissions de particules) et à interdire progressivement le diesel : restriction de la circulation des véhicules les plus polluants(notamment les cars de tourisme), extension des zones de réduction de la vitesse automobile (à 30 km/h), création de « zones de rencontre » (20 km/h), doublement du nombre de pistes cyclables…
Un calendrier encore trop timide pour certains. Le groupe Europe Écologie-Les Verts (EE-LV) plaide pour l’automaticité de la circulation alternée et de la gratuité des transports en cas de dépassement du seuil d’alerte. Mais ce plan marque incontestablement la reconnaissance de la pollution aux particules comme enjeu de santé publique... (Lire la suite dans le numéro de novembre 2015)
Illustrations : © Séverine Bourguignon